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mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité. Le Prolétariat, la dernière couche de la société actuelle, ne peut se redresser sans faire sauter toutes les couches superposées qui constituent la société officielle.

La lutte du Prolétariat contre la Bourgeoisie, bien qu’elle ne soit pas au fond une lutte nationale, en revêt cependant, tout d’abord, la forme. Il va sans dire que le Prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre Bourgeoisie.

En esquissant à grands traits les phases du développement prolétarien, nous avons décrit l’histoire de la guerre civile, plus ou moins occulte, qui travaille la société jusqu’à l’heure où cette guerre éclate en une révolution ouverte, et où le Prolétariat établit les bases de sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie.

Toutes les sociétés antérieures, nous l’avons vu, ont reposé sur l’antagonisme de la classe oppressive et de la classe opprimée. Mais pour opprimer une classe il faut, au moins, pouvoir lui garantir les conditions d’existence qui lui permettent de vivre en esclave. Le serf, en pleine féodalité, parvenait à se faire membre de la Commune ; le bourgeois embryonnaire du moyen âge atteignait la position de bourgeois, sous le joug de l’absolutisme féodal. L’ouvrier moderne, au contraire, loin de s’élever avec le progrès de l’industrie, descend toujours plus bas, au-dessous