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un caractère si violent et si âpre qu’une fraction de la classe régnante s’en détache et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui représente l’avenir. De même que jadis, une partie de la noblesse se rangea du côté de la Bourgeoisie, de nos jours une partie de la Bourgeoisie fait cause commune avec le prolétariat, notamment cette partie des idéologues bourgeois parvenue à l’intelligence théorique du mouvement historique dans son ensemble. De toutes les classes qui à l’heure présente se trouvent face à face avec la Bourgeoisie, le Prolétariat seul est la classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie ; le Prolétariat, au contraire, est son produit tout spécial.

La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les paysans combattent la Bourgeoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs ; qui plus est, ils sont réactionnaires ; ils demandent que l’histoire fasse machine en arrière. S’ils agissent révolutionnairement, c’est par crainte de tomber dans le Prolétariat : ils défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du Prolétariat.

La voyoucratie des grandes villes, cette putréfaction passive, cette lie des plus basses couches