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majesté du lieu avait bien quelque peu intimidé et amorti ces qualités natives ; mais il y avait là une maîtresse scène, celle où une nièce, pour détourner son oncle d’épouser une jeune fille, lui raconte tout ce qu’elle a souffert elle-même d’avoir épousé un vieux mari ! « Et lui ? répond l’égoïste à chaque trait du tableau. — Lui ? Il était très-heureux. — Eh bien, alors ? »

Dumas lui-même n’eût pas trouvé mieux.

Moi avait pleinement réussi. Pourquoi Labiche n’a-t-il pas renouvelé la tentative ? Le tempérament de sa muse s’accommodait-il mal d’un climat tempéré qui ne lui permettait pas de s’ébattre en manches de chemise et pieds nus ? Je crois qu’elle se serait vite habituée ai brodequin et à la robe ajustée. Labiche ne l’a sans doute pas cru, et il l’a reconduite dans les pays chauds, où elle jouit d’ailleurs d’une santé si plantureuse et d’une si merveilleuse fécondité. Tout compte fait, elle lui a donné jusqu’à ce jour cent soixante enfants, plus ou moins légitimes ; et, bien que la recherche de la paternité soit interdite, je ne peux m’empêcher de me poser ici cette question :

Quelle est la part des collaborateurs dans l’œuvre de Labiche ?

La question est d’autant plus délicate que la plupart sont des hommes de beaucoup d’esprit et de talent, que la plupart ont eu de grands succès sans lui. Mais je remarque que les pièces qu’ils font sans lui