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CÉLINE.

J’y vais, mon père, j’y vais ! (À part.) Mais qu’est-il donc arrivé ? (Elle sort.)


Scène V

BENOÎT, BROSSARD. [Brossard, Benoît.]
BENOÎT.

Brossard… je suis vaincu… tu l’emportes !… laisse-moi te regarder, t’admirer !… Qu’il est beau ! Moi qui te considérais comme un petit homme ordinaire… avec du ventre…

BROSSARD serrant son gilet.

Par exemple !

BENOÎT.

Vrai ! tu me déplaisais, mon ami… je te préférais Vachonnet…

BROSSARD.

Il est bègue…

BENOÎT.

Oui, mais c’est un commerçant !… N’en parlons plus ; tu es grand, tu es immense, tu as cent coudées !

BROSSARD.

Vous êtes bien bon… pourquoi ça ?

BENOÎT.

Mais j’en sors, mon ami, j’en sors !

BROSSARD.

D’où ?

BENOÎT.

De l’audience !

BROSSARD.

Ah ! bah !

BENOÎT.

Je me suis dit : Avant de lui donner ma fille, il faut que j’entende parler ce gaillard-là… et s’il ne plaide pas à mon idée… tout est rompu.

BROSSARD, à part.

Sapristi !

BENOÎT.

Entre nous, j’espérais que tu barboterais… Que veux-tu ? j’ai un faible pour Vachonnet !… J’entre dans le prétoire… c’est la première fois que je vais dans cet établissement… j’étais fort ému… Je me cache dans un coin… on appelle ta cause… tu te lèves !… Ah ! mon ami, que la toque te va bien… Je te prierai de la mettre quelquefois en famille.