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JEUX DU DESTIN


Ils se nommaient Philémon Massé et Isobel Brophy.

Vrai, la fête du roi n’avait pas porté chance à ces deux jeunes gens. La célébration de cet anniversaire dans tous les pays de l’Empire et le congé de cette journée dans les divers domaines de l’activité quotidienne avaient été cause que la destinée de ces deux êtres avait été complètement changée.

Des lettres annonçant des décisions importantes qu’ils avaient jetées le matin à la poste avaient dormi là tout le jour au lieu d’être placées dans des trains et, par suite de ce retard, elles n’étaient jamais parvenues à leurs destinataires. Les résolutions qui devaient décider de leur avenir n’avaient jamais été connues de ceux qu’elles concernaient.

Si la lettre de Philémon était partie le matin, elle serait arrivée à temps ; si celle d’Isobel était partie vingt-quatre heures plus tôt, Philémon l’aurait reçue. La vie des deux amoureux aurait été différente.

Le destin avait mêlé les cartes, s’était fait un malin plaisir de briser les rêves des deux jeunes gens.

Philémon Massé était le fils d’un agent d’assurances de Formont, petite ville de la province de Québec. Comme cette occupation ne lui procurait pas un revenu suffisant pour vivre, il y avait joint celle de vendeur d’instruments