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APOTHÉOSE D’OCTOBRE

tomne dégageait un charme indicible. Mes regards s’emplissaient de la beauté du ciel, de la terre et de l’eau et je m’enivrais de cette splendeur de la nature, cette grande magicienne. Je sentais que c’était là un jour inoubliable. Je goûtais là un calme apaisant, la douceur des choses finissantes en même temps que j’éprouvais comme une vague appréhension des coups du destin, de l’incertitude de l’avenir. Qui sait ? Cette visite pouvait être un adieu à ce coin de terre, mais dans tous les cas, c’était un adieu en beauté et pendant ces brèves heures, j’avais emmagasiné du bonheur pour de longs jours.

Avant de partir, ma fidèle et chère compagne, cueillit les dernières fleurs du jardin dont elle fit un petit bouquet : quelques pensées, des soucis d’un beau jaune orangé, des reines-marguerites violettes. Ce bouquet est sur notre table. Il est comme le dernier sourire du jardin de nos rêves.