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Roman illustré du « Soleil »
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Ma chère Rita,

Ce petit mot écrit à la hâte va suffire, sans doute, pour te faire comprendre les regrets que j’éprouve à ne pouvoir te féliciter de vive voix. Accepte tout de même de mon coeur enthousiasmé et sincère, ce bouquet de roses qui, une deuxième fois sert à rendre hommage à ton art. C’est encore mon devoir de soldat qui m’oblige à me priver du bonheur d’être auprès de toi. Puisse-t-elle finir cette affreuse tourmente ! Je t’assure que dans cette attaque qui se déclenchera bientôt, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vaincre l’ennemi, et par conséquent pour obtenir la paix, gage assuré de notre parfait bonheur…

À bientôt…

Jean


— Ô France, ma patrie, se dit Rita lorsqu’elle eut achevé la lecture de cette courte lettre, je devine maintenant que c’est pour te sauver que le hasard m’a fait découvrir le secret qu’il me cache. Je comprends qu’il faudra à tout prix que je lui rende sa liberté, afin que, pour te défendre, il retrouve son courage et, son énergie… Oui, je m’aperçois que mon silence deviendra aussi lâche, que son mensonge est héroïque… Il est bien cruel, va, le sacrifice que tu exiges de moi, mais qu’importe : ie sort en est maintenant jeté ; comme un devoir sacré, il me faut à tout prix l’accomplir…

Maintenant tout se prêtait à merveille à la réussite du plan qu’avait projeté Rita. L’absence de la baronne lui permettait de faire venir Jean au château, sans qu’il y eût que son secret fût découvert. Elle lui écrivit donc un court billet qu’elle confia à un domestique en lui disant :

— Portez ceci aux quartiers généraux français et