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« Le Chant de la Paix »

decin éminent qui demeure en dehors de Paris de venir au Château te donner les soins urgents que requiert ton état.

— Hélas ! vos démarches sont tout à fait inutiles, mon mal est sans remède.

— Tu exagères, tu n’as pas le droit de désespérer ainsi ; as-tu donc oublié que le désespoir ne sert qu’à aggraver nos maux ? Chasse, je t’en prie, bien loin de toi ces sombres pensées qui sont causées par le surmenage, et ta grande faiblesse. Il te faut réagir et promptement, ma chérie.

— J’essayerai, madame, crut-elle bon de répondre afin de ne pas trahir son secret, mais j’ai bien peur de ne pas y parvenir.

— Encore une fois, ne crains rien, je t’assure que des soins vigilants te ramèneront à la santé ; Je ne négligerai rien pour obtenir ce résultat. Donc du courage et à demain.

De nouveau seule, l’esprit un peu plus calme, Rita examina la situation dans laquelle elle se trouvait. Alors elle se rendit compte qu’elle n’avait pas encore atteint le paroxysme de sa douleur, et que le nouveau sacrifice qui s’imposait dépassait en horreur tout ce qui avait précédé. Hésitant à mettre à exécution cr projet qui la torturait, elle s’était levée afin de chercher un dérivatif à sa peine quand tout à coup son attention fut attirée par la lettre qui était restée sur sa table de toilette. Évidemment, se dit Rita, c’est la baronne qui a fait cet oubli. Il faut absolument que je la lui fasse remettre avant qu’elle ait quitté le château. Saisissant la lettre en question, elle allait sortir, quand elle s’aperçut que c’était bien à elle qu’était destiné ce pli cacheté. L’ouvrant aussitôt, toute surprise, elle lut :