Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
« Le Chant de la Paix »

teau immédiatement. Voulez-vous également faire déposer dans ses appartement ce pli cacheté ?

— Évidemment, et je verrai moi à ce que vos desirs soient immédiatement accomplis.

— Laissez-moi vous remercier, vous me rendez là un réel service.

Indifférente au grand triomphe qu’elle avait remporté, Rita, à la hâte, avait regagné ses appartements. Toute à son désespoir, elle ne jeta qu’un regard distrait, sur les roses qu’on venait de lui apporter. Il lui importait peu de recevoir des hommages à cet instant. Atteinte en plein cœur, elle ne commençait vraiment qu’à ressentir sa peine. Alors, les tristes épisodes de sa vie repassaient dans sa mémoire : Elle se revoyait au chevet de sa mère mourante qui lui disait :

— Rita, ma fille chérie, je sens que bientôt il me faudra te quitter… Si tu pouvais comprendre ce que je souffre à cette pensée. Je voudrais toujours rester avec toi afin d’écarter de ton chemin les peines et les chagrins, mais que puis-je contre la mort implacable qui va bientôt me fermer les yeux. Les paroles de ce triste adieu résonnaient de nouveau, ce soir, à ses oreilles. Elle aurait tant eu besoin de cette mere pour la consoler… Enfin, épuisée, anéantie, elle finit par s’endormir d’un lourd sommeil.

Lorsque la baronne, après avoir reconduit ses invités, voulut entr’ouvrir la porte de la chambre de Rita afin de la féliciter pour son extraordinaire succès, elle fut toute surprise de la trouver endormie. Ne pouvant se douter de la peine qui troublait son cœur, attribuant ce sommeil à l’excessive fatigue de la jeune fille, elle ne voulut pas troubler son repos et discrètement, sans bruit, elle referma la porte qu’elle avait entr’ouverte.