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LOUISE LABÉ


une autobiographie, elle nous donne un tableau fidèle des occupations de sa jeunesse :

Lors qu’exerçoi mon corps et mon esprit
En mile et mile euvres ingénieuses.

La broderie qu’elle nomme l’art de peindre avec l’esguille l’occupe ainsi que la musique

Louise ha voix que la musique avoue
Louise ha main qui tant bien au luth joue.

Guillaume Paradin, dans ses Mémoires sur l’histoire de Lyon, déclare que Louise « estoit instituée en langue latine dessus et outre la capacité de son sexe. » Elle écrivait aussi en italien et en espagnol. Dans le même temps se placent ses premières expériences d’amour.

Je n’avois vu encore seize hivers
Lors que j’entray en ces ennuis divers :
Et ià voici le treizième esté
Que mon cœur fut par amour arresté.

Elle repoussa un vieux poète italien qui s’en fut mourir en Espagne et elle aima un certain homme de guerre qui, semble-t-il, l’a dédaignée. C’est alors qu’elle entreprend de chanter sa peine en vers tendres et passionnés où l’accent de la plus forte douleur lui dicte les plus belles strophes que