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[ch. iv.]
RUTH.

et se troubla, lorsqu’il vit une femme couchée à ses pieds,

9. Et il lui dit : Qui es-tu ? Et elle lui répondit : Je suis Ruth, votre servante : étendez votre couverture sur votre servante, parce que vous êtes mon parent.

10. Et lui : Ma fille, dit-il, tu es bénie du Seigneur, et tu as surpassé la première miséricorde par la dernière, parce que tu n’as pas recherché les jeunes gens, pauvres ou riches.[1]

11. Ne crains donc point ; mais tout ce que tu me diras, je le ferai pour toi ; car tout le peuple qui habite au dedans des portes de ma ville sait que tu es une femme de vertu.

12. Et je ne désavoue pas que je sois parent ; mais il y en a un autre plus proche que moi.

13. Repose-toi cette nuit, et le matin venu, s’il veut te retenir par le droit de parenté, c’est une bonne chose ; mais s’il ne veut pas, moi, sans aucun doute, je te prendrai, le Seigneur vit ! Dors jusqu’au matin.[2]

14. C’est pourquoi elle dormit à ses pieds jusqu’à l’éloignement de la nuit. C’est pourquoi elle se leva avant que les hommes se reconnussent mutuellement, et Booz dit : Prends garde que personne ne sache que tu es venue ici.

15. Et de nouveau : Étends dit-il, ton manteau dont tu te couvres, et tiens-le de l’une et l’autre main. Et, Ruth l’étendant et le tenant, il mesura six boisseaux d’orge et les mit sur elle ; et elle, les portant, entra dans la ville,

16. Et vint vers sa belle-mère, qui lui dit : Qu’as-tu fait, ma fille ? Et elle lui raconta tout ce que cet homme avait fait pour elle.

17. Et elle ajouta : Voici six boisseaux d’orge qu’il m’a donnés, et il a dit : Je ne veux pas que tu retournes les mains vides vers ta belle-mère.

18. Et Noémi dit : Attends, ma fille, jusqu’à ce que nous voyons quelle fin aura la chose ; car cet homme n’aura point de repos qu’il n’ait accompli ce qu’il a dit.

CHAPITRE 4.


1. Booz donc monta à la porte de la ville et s’y assit. Et lorsqu’il vit passer le parent dont il a été parlé auparavant, il lui dit : Détourne-toi un peu, et assieds-toi ici, l’appelant par son nom. Celui-ci se détourna et s’assit.[3]

2. Or, Booz, prenant dix hommes d’entre les anciens de la ville, leur dit : Asseyez-vous ici.

3. Et, eux s’étant assis, il dit à son parent : Noémi, qui est revenue du pays de Moab, vendra la partie du champ de notre frère Elimélech.[4]

  1. Rt. 3,10 : La première miséricorde ; la bonté, la charité que tu as eue pour ton mari et ta belle-mère. ― La dernière ; le zèle que tu mets à faire revivre la mémoire et le nom de ton premier mari, en épousant un parent âgé préférablement à un jeune homme, que tu devrais naturellement rechercher étant jeune toi-même.
  2. Rt. 3,13 : Le Seigneur vit ! Voir Juges, 8, 19.
  3. Rt. 4,1 : 8 Voir 1 Paralipomènes, 2, 5 ; 4, 1 ; Matthieu, 1, 3.
  4. Rt. 4,3 : Notre frère ; c’est-à-dire notre parent.