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LA GUERRE DE COURSE

prouesse », fut dans la « nécessité »[1] de faire cesser le feu, et d’engager des pourparlers avec l’ennemi, comme devait le faire du Guay Trouin l’année suivante, sur la Diligente ; comme l’avaient fait, quatre ans auparavant, Jean Bart et Forbin, après une résistance qui leur avait valu le grade de capitaine de vaisseau, avec une gratification de 400 écus.

Un officier anglais vint donc à bord du Beaulieu, et fit transporter l’équipage sur le Douvres, qui le conduisit à Kinsale, sur la côte sud d’Irlande, où il arriva le 18 juin, à 8 heures du soir.

Kinsale était une ville de moins de 10.000 habitants, dont le commerce avait été autrefois très actif avec l’Espagne, comme le témoignait le style de ses maisons. Jacques II y avait débarqué en 1689, car il comptait de nombreux partisans, mais la ville avait été reprise, l’année suivante, par Marlborough.

Dans ce port de mer, où les facilités pour s’enfuir étaient grandes, tout l’équipage du Beaulieu fut néanmoins laissé en liberté relative, et très bien traité, contrairement aux ha-

  1. Rapport de du Coudray-Perrée, du 9 juillet 1693. Archives de l’Amirauté. Mairie de Saint-Malo, C. 4.