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DANS LA MER DU SUD

versaient en sens contraire, le goulet, où ils remarquèrent qu’il ne restait plus de traces de la forteresse de Nombre de Dios, que les Espagnols, sous le règne de Philippe II, avaient bâtie, pour fermer le détroit aux autres nations.

Puis, faisant voile vers le sud, ils se trouvèrent, le 13 avril, devant de hautes montagnes, couvertes de neige, au sommet, et de grands arbres très touffus, au pied.

C’était la Terre de Feu, ainsi nommée à cause de la multiplicité des feux que les premiers explorateurs y virent, pendant la nuit.

Les indigènes[1], dans ces parages, étaient blancs, mais ils se défiguraient le corps, et changeaient les couleurs naturelles de leur visage par des peintures bizarres.

Ils étaient à demi couverts de peaux d’animaux, et portaient, autour du cou, un collier d’écailles de moules blanches, et autour du corps une ceinture de cuir. Ils se nourrissaient d’une herbe amère, qui poussait dans le pays, et dont la fleur était à peu près semblable à celle des tulipes. Ils étaient armés

  1. Lettres édifiantes et curieuses, par le P. Nyel. Bibliothèque Mazarine.