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point les habiles et les savants, ce sont les humbles et les candides.

Et puis, si nobles, si beaux que soient les exemplaires dont le bibliophile se réjouit, pour admirable qu’il tienne un livre, ce livre fût-il la Guirlande de Julie, calligraphiée par Jarry, il y a quelque chose que je mettrai encore au-dessus : c’est le tonneau de Diogène. On est libre dedans, tandis que le bibliophile est l’esclave de ses collections.

Nous faisons en ce temps-ci trop de bibliothèques et de musées. Nos pères s’embarrassaient de moins de choses et sentaient mieux la nature. M. de Bismarck a coutume de dire pour faire valoir ses arguments : « Messieurs, je vous apporte des considérations inspirées non par le tapis vert, mais bien par la verte campagne. » Cette image, un peu étrange et barbare, est pleine de force et de saveur. Pour ma part, je la goûte infiniment. Les bonnes raisons sont celles qu’inspire la vivante nature. Il est bon de faire des collections : il est meilleur de faire des promenades.

À cela près, je confesse que le goût des bonnes éditions et des belles reliures est un goût d’honnête homme. Je loue ceux qui conservent les éditions originales de nos classiques, de Molière, de La Fontaine, de Racine, dans leur maison illustrée par de si nobles richesses.

Mais, à défaut de ces textes rares et fameux, on peut se contenter du livre somptueux dans lequel M. Jules Le Petit les décrit exactement et en reproduit les titres