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où nous respirons « une atmosphère enivrante, faite du parfum des fleurs et de la capiteuse odeur des femmes » .

Lorsque Buridan, le capitaine, s’écrie : « Ce sont de grandes dames, de très grandes dames ! » on sourit avec indulgence ; on n’est pas trop choqué de l’admiration que les princesses inspirent à cet écolier robuste, naïf et famélique. Buridan montre sa bonhomie et sa simplicité. Mais M. Ohnet a des mouvements, pour nous présenter ses baronnes et ses duchesses, qui donnent un grand mal de cœur ; je ne puis lire cette simple phrase sans être exaspéré : « Hélène prenait un secret plaisir à toucher ce tissu merveilleux. Sa nature aristocratique se trahissait dans ce goût pour les choses raffinées. » Cela est vain et faux à crier. Il n’y a pas d’aristocratie à aimer les belles étoffes. Ce qui fait ou, pour mieux dire, ce qui faisait l’aristocrate, c’était l’héréditaire et longue habitude du commandement. Quant à se délecter aux contacts suaves, ce peut être le goût d’une petite bourgeoise aussi bien que d’une patricienne. Mais il est inutile de disputer quand on sait qu’on ne pourra jamais s’entendre. Ne critiquons plus, exposons seulement.

Cette Hélène, qui trahit « sa nature aristocratique » par son goût pour les choses raffinées, est l’héroïne de Volonté.

Elle est sublime. Aimée par deux hommes dont l’un est « fatalement beau », elle préfère l’autre, par générosité.