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pensée heureuse, claire, profonde. Volonté, par Georges Ohnet, soixante-treizième édition, que cela est excellemment pensé, que cela est bien écrit !

J’avoue que le reste du livre m’a paru inférieur. Au point de vue philosophique, le nouvel ouvrage de l’auteur de Serge Panine prête à la critique et soulève de nombreuses objections. Le problème de la volonté n’a pas encore été résolu à la satisfaction de toute l’humanité pensante. Il y a des métaphysiciens qui disent que la volonté n’est nulle part. Je serais plutôt tenté de la voir partout et de considérer tous les phénomènes de l’univers comme les effets d’une éternelle et fatale volonté.

M. Georges Ohnet, qui a si bien réfuté Locke en deux mots, sur la couverture de son écrit, n’a pas gardé la même supériorité dans le cours de cet écrit même. Il a négligé de nous dire ce qu’il entendait par volonté. C’est une faute. Il ne nous a pas dit non plus s’il croyait que les animaux eussent de la volonté. Pour ma part, je suis persuadé qu’ils en ont comme nous. Il faudrait, pour n’en pas avoir, qu’ils fussent des machines. D’ailleurs, qu’est-ce que la volonté, au sens vulgaire du mot, sinon la puissance intérieure par laquelle l’homme se détermine à agir ou à ne pas agir ?

Les animaux agissent, donc ils veulent. Un jour que j’étais à table à côté de M. Darlu, je priai cet éminent professeur de philosophie d’accorder un peu de volonté aux végétaux. M. Darlu me le refusa de la façon la plus absolue ; je lui représentai respectueusement que, si un chêne pousse, c’est qu’il veut pousser et que, s’il ne