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C’est un homme intéressant que cet Apulée, tel que nous le décrit M. Paul Monceaux dans une étude très complète et, ce me semble, très judicieuse ; assurément fort agréable.

Cet Africain, contemporain des Antonins, esprit léger, facile, rapide, brillant, n’était pas au fond très original : il improvisait et compilait. S’il était fou, il faut convenir que tout le monde était un peu fou dans ce temps-là. Une curiosité maladive travaillait toutes les imaginations. Les prodiges d’Apollonius de Tyane avaient fait passer un frisson par le monde. Une foi anxieuse aux enchantements troublait les meilleurs esprits. Plutarque fait glisser des ombres dans les champs de l’histoire ; l’âme ferme de Tacite est facilement ébranlée par des prodiges ; le naturaliste Pline se montre aussi crédule que curieux. Phlégon de Tralles écrit pour un César astrologue un livre de Faits merveilleux et conte minutieusement l’aventure d’une morte qui déserte sa chambre funéraire pour le lit d’un jeune étranger. Or ce Trallien était estimé comme annaliste et comme géographe.

Le bonheur d’Apulée fut de naître, dans ce milieu troublé, avec une étonnante capacité à concevoir l’absurde et l’impossible. Il étudia toutes les science et n’en tira que des superstitions puériles. Physique, médecine, astronomie, histoire naturelle, tout chez lui se tournait en magie. Et comme il avait l’imagination vive et le style prestigieux, il lui fut donné d’écrire le chef-d’œuvre des romans fantastiques.

Cet homme habile, frivole et vain, laissa la mémoire