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tout à fait particulière et rappelle ses conversations, c’est le goût qu’il montre pour les rapprochements historiques. À tel endroit, pour mieux faire comprendre l’esprit du vieux chef nomade, il parlera d’Abd-el-Kader ; à tel autre, il comparera David au négus d’Abyssinie. Parfois, les rencontres sont plus inattendues ; il nous dit, par exemple, que Notre-Dame-de-Lorette peut nous donner une idée assez approchante du temple de Salomon.

Il a des familiarités charmantes, comme quand, parlant d’Iahvé, du terrible Iahvé, il l’appella « une créature de l’esprit le plus borné » . Voici d’ailleurs tout le passage :

« Nul sentiment moral chez Iahvé, tel que David le connaît et l’adore. Ce dieu capricieux est le favoritisme même ; sa fidélité est toute matérielle ; il est à cheval sur son droit jusqu’à l’absurde. Il se monte contre les gens, sans qu’on sache pourquoi. Alors on lui fait humer la fumée d’un sacrifice et sa colère s’apaise. Quand on a juré par lui des choses abominables, il tient à ce qu’on exécute le hérem. C’est une créature de l’esprit le plus borné ; il se plaît aux supplices immérités. Quoique le rite des sacrifices humains fût antipathique à Israël, Iahvé se plaisait quelquefois à ces spectacles. Le supplice des Saülides, à Gibéa, est un vrai sacrifice humain de sept personnes, accompli devant Iahvé, pour l’apaiser. Les « guerres de Iahvé » finissent toutes par d’affreux massacres en l’honneur de ce dieu cruel. »