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mais étant mort, cinq roses sortirent de sa bouche en l’honneur des cinq lettres du nom de Marie. Et ceux qui l’avaient raillé de son ignorance honorèrent sa mémoire comme celle d’un saint. Enfin voici un miracle encore plus ingénu, celui du Tombeor Nostre-Dame. C’était un pauvre jongleur qui, après avoir fait des tours de force sur les places publiques pour gagner sa vie, songea à l’éternité et se fit recevoir dans un couvent. Là, il voyait les moines honorer la Vierge, en bons clercs qu’ils étaient, par de savantes oraisons. Mais il n’était pas clerc et ne savait comment les imiter. Enfin, il imagina de s’enfermer dans la chapelle et de faire, seul, en secret, devant la sainte Vierge, les culbutes qui lui avaient valu le plus d’applaudissements du temps qu’il était jongleur. Des moines, inquiets de ses longues retraites, se mirent à l’épier et le surprirent dans ses pieux exercices. Ils virent la mère de Dieu venir elle-même, après chaque culbute, éponger le front de son tombeor.

C’est dans ces imaginations populaires, c’est dans les légendes venues d’Orient, dans les histoires de sainte Catherine et de sainte Marguerite qu’il faut rechercher, ce semble, les sentiments obscurs, qui, trois ou quatre fois séculaires, aboutirent à la vocation de Jeanne d’Arc et rendirent possible, à l’heure du danger, la plus charmante des merveilles, la délivrance de tout un peuple par une bergère. Je m’explique mal sur ce point et je ne pourrais le mieux faire qu’en sortant tout à fait de mon sujet. Je m’en garderai bien. On peut rêver sous