Page:La Vie littéraire, II.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le curé qui chaque dimanche, leur promet le paradis est, dans sa naïveté, un merveilleux économiste. À ceux qui n’ont pas de terre ici-bas, il montre les terres fleuries du ciel. Le ciel, où Dieu le père siège en habit d’empereur, est tout proche : on y monterait avec une échelle, pour peu que saint Pierre le voulût bien, et saint Pierre est un bon homme ; pauvre et de petite naissance, il a de l’amitié pour les vilains et, peut-être, quelques égards pour les nobles. D’ailleurs, la sainte Vierge, les anges, les saints et les saintes descendent à tous moments sur la terre. Les bienheureux et les bienheureuses n’ont rien d’étrange, ce sont des prud’hommes et des dames qui favorisent, à la manière des petits génies et des fées, les personnes qui leur sont dévotes. Les passages sont perpétuels de l’église triomphante à l’église militante ; la flèche des cathédrales marque la limite indécise entre le ciel, et la terre. Quant à l’enfer, il est dans la terre même, et des bergers, parfois, en voient, au fond des cavernes, les bouches empestées. L’enfer fait peur, comme dit François Villon. Mais de quelque façon qu’on vive, on compte bien l’éviter ; on peut, on doit espérer : l’espérance est une vertu. Parlerai-je du purgatoire ? Il n’est presque point distinct de cette terre où les âmes en peine reviennent chaque nuit demander des prières. Voilà le monde du moyen âge ; il pourrait être représenté, à la rigueur, par une vieille horloge un peu compliquée, comme celle de Strasbourg. Il suffirait de trois étages de marionnettes, que des rouages feraient mouvoir. En parlant ainsi, je sais bien