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du leur. Ses rejets, ses coupes, n’étaient pas sans précédent quand il les employa. On en trouverait des exemples dans Bertin, dans Parny, surtout dans les Géorgiques de Delille, si on lisait encore Delille et Bertin, qui, en effet, ne sont guère lisibles, et Parny, qui est exquis.

Néanmoins l’idée que Chénier a ouvert de nouvelles sources à la poésie, tandis qu’en réalité il a épuisé les anciennes, est reçue sans examen par les poètes. L’éditeur regretté d’André, le savant et délicat Becq de Fouquières, pensait comme eux, à ce sujet. Une nouvelle édition des poésies d’André Chénier vient de paraître à la librairie Charpentier, édition somptueuse et magnifique, monument de typographie et d’art, orné de quinze dessins de Bida. Ce bel in-quarto contient une préface nouvelle du meilleur des éditeurs, où je trouve cette phrase : « Pour peu qu’on étudie avec quelque attention notre poésie contemporaine, on sera frappé de l’influence pénétrante que l’art d’André Chénier n’a cessé d’exercer sur elle. » On voit que M. Becq de Fouquières affirme nettement l’influence des œuvres de son poète sur l’école moderne. Mais quand il s’agit de l’établir, il ne laisse pas d’être embarrassé. Il sent bien qu’il ne peut constater cette influence ni chez Victor Hugo, ni chez Musset ; encore moins chez Lamartine. Il était trop habile homme pour la rechercher dans les Poèmes antiques d’Alfred de Vigny. En effet, si l’on peut croire, à première vue, que trois ou quatre pièces de ce recueil, telles que Symetha et la Dryade, procè-