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La vieille garde fut admirable de constance et de fermeté. Ces vétérans, qui avaient vu Marengo et Hohenlinden, « grognaient et le suivaient toujours ». Ceux-là n’abandonnèrent pas leur empereur.

Après la capitulation de Paris, le 3 avril, à Fontainebleau, Napoléon se plaça au milieu de la cour et fit appeler les officiers et les sous-officiers de la division Friant. Lorsqu’ils eurent formé le cercle, il dit d’une voix haute : « Officiers, sous-officiers et soldats de ma vieille garde, l’ennemi nous a dérobé trois marches. Il est entré dans Paris. J’ai fait offrir à l’empereur Alexandre une paix achetée par de grands sacrifices : la France avec ses anciennes limites, en renonçant à nos conquêtes, en perdant tout ce que nous avons gagné depuis la Révolution. Non seulement il a refusé ; il a fait plus encore : par les suggestions perfides de ces émigrés auxquels j’ai accordé la vie et que j’ai comblés de bienfaits, il les autorise à porter la cocarde blanche, et bientôt il voudra la substituer à notre cocarde nationale. Dans peu de jour, j’irai l’attaquer à Paris. Je compte sur vous. » L’empereur s’attendait à une acclamation. Mais les grognards gardaient le silence. Surpris, inquiet, il leur demanda :

« Ai-je raison ? » À ce mot, ils crièrent tous d’une seule voix : « Vive l’empereur ! À Paris ! à Paris ! » — « On s’était tu, dit le général Pelet avec une simplicité héroïque ; parce que l’on croyait inutile de répondre. »

M. Henry Houssaye a écrit là, d’un style sobre, une histoire impartiale. Pas de phrases, point de paroles