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par la voie des journaux, que les femmes et les enfants pouvaient utilement remplacer les hommes dans les travaux des champs, et que le labour à la bêche devait suppléer au labour à la charrue, devenu impossible à cause du manque de chevaux.

Le tableau que trace M. Henry Houssaye est effroyable ; on n’en peut nier l’exactitude, puisque chaque trait est tiré d’un document authentique. Il est à remarquer pourtant que le rappel des classes an XI et suivantes, la levée de 1815, l’appel des gardes nationales mobiles ne portèrent que sur les hommes de dix-neuf à quarante ans.

Le travail à la fois impartial et généreux de M. Henry Houssaye nous montre côte à côte l’héroïsme et l’infamie. En cette cruelle année la France se couvrit de gloire et de honte. Les soldats paysans furent sublimes. Les royalistes furent abominables. Ces gens-là ne voyaient jamais Bonaparte entreprendre une guerre sans espérer la défaite. Ils appelaient l’étranger. L’invasion les remplit d’espérance. « Les Cosaques, disaient-ils, ne sont méchants que dans les gazettes. » Plus de vingt émissaires quittèrent Paris pour aller renseigner les états-majors ennemis. Le chevalier de Maison-Rouge et tant d’autres guidèrent les colonnes russes et prussiennes contre l’armée française. À l’entrée des alliés à Paris, les royalistes firent éclater une joie impie et « changèrent ce jour de deuil en un jour de honte » .

Dans le faubourg Saint-Martin, où la colonne des alliés s’engagea d’abord, les hommes du peuple, dissé