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et de ses belles dents, lorsqu’elle quittait Sécherons, près

 Genève, pour expirer à Bex, à l’entrée du Valais.
 J’ai entendu son cercueil passer, la nuit, dans les rues
 solitaires de Lausanne, pour aller prendre sa place éternelle à
 Fervacques.

Certes, la fille de madame de Sabran avait tout donné et n’avait rien reçu. Qu’importe, puisque le vrai bonheur de ce monde consiste non à recevoir, mais à donner ! Elle eut la part de joie dévolue sur la terre aux créatures bien nées, puisqu’elle fit en aimant le rêve de la vie. C’est pour elle et ses pareils qu’il fut écrit : « Heureux ceux qui pleurent ! »

P.-S.— En relisant les épreuves de cet article, je suis assailli de doutes et d’inquiétudes : j’entends dire vaguement que M. Bardoux a découvert les papiers de madame de Custine, et que le roman de la vie de cette aimable dame en reçoit quelque dommage. On va jusqu’à chuchoter que Delphine, qui écrivait si bien les lettres d’amour, les faisait resservir plusieurs fois. Je n’en veux rien croire encore. Il est toujours temps d’être désenchanté.