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René, qui ne cherchait au monde que des images, préparait alors son voyage en Orient.

Madame de Custine écrivait de Fervacques le 24 juin 1806.

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Le Génie (le Génie, c’était Chateaubriand) est ici depuis quinze jours ; il part dans deux mois, et ce n’est pas un départ ordinaire, ce n’est pas pour un voyage ordinaire non plus. Cette chimère de Grèce est enfin réalisée. Il part pour remplir tous ses vœux et pour détruire tous les miens. Il va enfin accomplir ce qu’il désire depuis si longtemps. Il sera de retour au mois de novembre, à ce qu’il assure. Je ne puis le croire ; vous savez si j’étais triste, l’année dernière ; jugez donc de ce que je serai cette année ! J’ai pourtant pour moi l’assurance d’être mieux aimée ; la preuve n’en est guère frappante.

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Tout a été parfait depuis quinze jours, mais, aussi tout est fini.

Tout était fini. Son instinct ne la trompait pas ; René, dans ce pèlerinage, allait chercher une autre victime. Madame de Mouchy l’attendait à l’Alhambra.

Madame de Custine se survécut vingt ans. Elle eut le courage de rester l’amie de celui qui ne l’aimait plus. Le monde qu’elle n’avait jamais goûté, lui était devenu odieux. Elle restait enfermée à Fervacques.

M. Bardoux a publié les lettres charmantes qu’elle écrivait, après 1816, à son amie la célèbre Rahel de Varnhagen. Ces lettres laissent voir la limpidité de l’âme de Delphine.