Page:La Vie littéraire, II.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

On dit même qu’il participa à la composition de quelques-uns de ces poèmes. On ne saura jamais quelle est la part de collaboration de Socrate dans les drames d’Euripide. Mais il n’est pas impossible de reconnaître, avec M. Henri Weil, les traces de l’enseignement socratique dans plusieurs maximes du poète et notamment dans l’opposition qu’il faisait, dans sa Médée, de l’amour physique à cet autre amour bien préférable (disait-il) qu’inspirent les belles âmes et qui est une école de sagesse, de vertu.

On sait qu’Anaxagore fut réclamé plus tard par les sceptiques. Il leur appartenait du moins, en effet, par l’indifférence philosophique avec laquelle il considérait ce que le vulgaire nomme des biens ou des maux. Il mettait la sagesse dans l’impassibilité. Telle était aussi la philosophie d’Euripide. Il tenait la méditation pour le souverain bien.

« Heureux, disait-il, qui possède la science ! il ne cherche pas à usurper sur ses concitoyens, il ne médite pas d’action injuste. Contemplant la nature éternelle, l’ordre inaltérable, l’origine et les éléments des choses, son âme n’est ternie d’aucun désir honteux. »

Voilà, de belles et nobles maximes. Mais comme Prodicos, comme Anaxagore, comme Socrate, Euripide avait sur les dieux des pensées contraires aux vieilles maximes de la cité. Cet esprit scientifique et moderne constituait aux yeux des observateurs une dangereuse impiété. Tout trahissait en Euripide le mépris des conceptions divines et héroïques de l’Hellade. De là, les