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dant le sommeil du bon moine. Il l’aima, l’épousa et l’aima encore.

Tous ceux qui ont connu Madame Saint-Cyr de Rayssac attestent sa rare beauté et son esprit charmant. Son mari l’a peinte en deux vers :

Française des beaux jours, héroïque et charmante,
Avec la lèvre humide et le coup d’œil moqueur.

Il dit ailleurs : « On loue votre taille et vos yeux. Rien n’est plus beau ; mais ce qui me charme le plus en vous, c’est votre voix. » Madame de Rayssac avait, en effet, une voix délicieuse. Quelqu’un qui a entendu cette dame a dit : « Quand elle parle, elle chante un peu, comme l’oiseau qui se pose vole encore. » Dès la première jeunesse, au dire du même témoin, elle avait la mémoire ornée et riche. Instruite par son père, qui avait beaucoup vu, et par sa marraine, une des femmes les plus brillantes de la société lyonnaise, elle contait avec beaucoup d’abondance et d’agrément. On lui dit un jour :

— Mais, pour parler ainsi de M. de Villèle et d’Armand Carrel, de M. de Jouy et de Victor Hugo, de madame de Souza et de madame de Girardin, d’Alfred de Musset et de Stendhal, quel âge avez-vous donc ?

Et elle répondit :

— J’ai l’âge de ma marraine, l’âge de mon père et quelquefois le mien.

Les vers d’amour que lui fit Saint-Cyr de Rayssac ont été heureusement conservés. Ils nous apprennent que Berthe (madame de Rayssac se nommait Berthe) était