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Tantôt il adorait la Vénus du Capitole, « cette blanche goutte d’écume », toute pure de la pureté de ses formes, qui n’a de charnel,

Que son geste impudique et ses cheveux défaits,


et que revêtent comme des voiles augustes l’harmonie et la grâce. Saint-Cyr de Rayssac, à Rome, se promène avec ivresse des marbres antiques aux fresques de la Renaissance. Il admire également l’art grec et l’art chrétien. Pourtant, il réserve peut-être ses plus intimes tendresses à ces statues issues ou inspirées de l’esprit hellénique et qui ont apporté au monde cette chose incomparable : le divin naturel. Quelle force l’entraînait vers la Vénus du Capitole et le Génie du sommeil éternel ? Celle-là même qui, dans les années d’adolescence, lui faisait pressentir l’amour et la beauté sous la poussière des livres amassés par le vieux Dugas-Montbel, l’union féconde du sensualisme et de l’idéal, la généreuse ardeur qui fait le génie des Prud’hon et des Chénier. L’âme méditative de Saint-Cyr de Rayssac était servie par des sens exquis. C’est pourquoi il sentait si fortement la caresse des lignes et la divinité des formes. Il y avait aussi dans son génie une fierté, une pudeur que seul l’art hellénique contentait pleinement. Il savait gré aux sculpteurs antiques de leur sublime impassibilité :

S’ils eurent l’âme triste ou le front radieux,
Ils ne l’ont jamais dit aux marbres de l’Attique.