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sortant de l’onde, la Deméter et la Cora des mystères antiques ont été remplacées par Notre-Dame des Victoires avec l’enfant Jésus, par l’Immaculée Conception, dont les mains ouvertes répandent des grâces sur le monde, et par la jeune Notre-Dame de Lourdes, qui porte une écharpe bleue sur sa robe blanche. Les Aphrodites étaient mieux modelées et d’un bien meilleur style ; les bonnes vierges sont plus chastes. Mais Vénus et vierges ont également apporté de l’idéal aux simples. Les dévots ont moins changé qu’on ne croit. Des deux parts, c’est la même puérilité touchante, et le paganisme de la rue Saint-Sulpice ne le cède en rien pour la candeur et pour une sorte de sensualisme innocent à celui des coroplastes de Myrina. Dans l’un comme dans l’autre les grandes idées divines sont exclues. On ne trouve pas plus Zeus à Myrina qu’on ne rencontre Dieu le père chez nos marchands de bonnes vierges.

C’est pourquoi il me semble qu’une dévote de Myrina, si elle revenait subitement à la vie, ne serait pas trop dépaysée au milieu des innombrables statuettes de piété qui représentent toutes les personnes de la nouvelle mythologie chrétienne. Elle ferait, sans doute, quelques identifications audacieuses. Mais elle ne se tromperait guère, je crois, sur le sentiment général de ces minces symboles. Elle en comprendrait tout de suite la grâce attendrie.