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seraient pas sensiblement modifiées. Pourquoi ? Parce que les codes sont fondés sur la nécessité et non sur la justice. Ils ne punissent que ce qu’il est nécessaire de punir. Les criminalistes philanthropes n’admettent pas qu’on mette un voleur en prison : ce serait le punir, et on n’en a pas le droit. Ils proposent de le retenir dans un asile, sous de bons verrous. Je n’y vois pas grande différence. La peine de mort pourrait même résister au triomphe des doctrines de l’irresponsabilité ; il suffirait de déclarer que ce n’est pas proprement une peine.

Irons-nous plus loin et tiendrons-nous, avec la nouvelle école anthropologique, l’irresponsabilité du criminel comme physiologiquement, anatomiquement démontrée ? Dirons-nous avec Maudsley que le crime est dans le sang, qu’il y a des scélérats dans une société, comme il y a des moutons à tête noire dans un troupeau, et que ceux-là sont aussi faciles à distinguer que ceux-ci ? Entrerons-nous dans les vues d’un anthropologiste italien des plus convaincus, l’auteur de l’Uomo delinquente ?

M. Cesare Lombroso se flatte de constater l’existence d’un type humain voué au crime par son organisation même. Il y a, selon lui, un criminel-né, reconnaissable à divers signes dont les plus caractéristiques sont : la petitesse et l’asymétrie du crâne, le développement des mâchoires, les yeux caves, la barbe rare, la chevelure abondante, les oreilles mal ourlées, le nez camus. En outre, les criminels sont ou doivent être gauchers, daltoniens, louches et débiles. Par malheur, ces signes manquent à la plupart des criminels et se trouvent, par