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qu’elles, développent ces vertus préférablement aux autres. Elles haïssent la délation d’une haine qui, dit-on, s’est affaiblie depuis dans les couvents. Quand mademoiselle de Lévis se fait un mérite de n’avoir point été de la dernière révolte, mademoiselle de Rochechouart, sa maîtresse, lui en fait un compliment ironique. Ces femmes bien nées ont surtout l’horreur de la bassesse, très coulantes au reste sur la grammaire et même sur le catéchisme. Elles ne peuvent souffrir les momeries. On annonce à l’une d’elles, avec de grands cris, que ces demoiselles ont mis de l’encre dans le bénitier, que les religieuses s’en sont barbouillées à matines, et que le trait est noir. Elle répond tranquillement qu’il est noir en effet, à cause de l’encre.

Si les compagnes de la princesse Massalska sont plus fières, en général, que les filles de nos bourgeois, elles sont plus violentes aussi et plus brutales. Elles se frappent entre elles avec une violence extrême. Hélène, qu’on accuse de rapporter, est foulée aux pieds par toutes ses compagnes. « J’en étais moulue, » dit-elle. Les maîtresses l’envoient coucher[1], sans s’inquiéter davantage. Pour je ne sais quelles sottes querelles, « quand les rouges (les grandes) rencontraient les bleues (les petites), elles les tapaient comme des plâtres ». Elles étaient aussi beaucoup plus libres dans leurs paroles qu’on ne le

  1. Histoire d’une Grande Dame au XVIIIe siècle, p. 42.