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TROIS POÈTES.

La vérité est que de secrètes affinités, un irrésistible instinct l’attiraient vers la muse antique. Il eut pour elle toutes les curiosités minutieuses de l’amour. Il ne s’arrêta pas à l’érudition, il poussa jusqu’à la philologie. Sa thèse sur Properce, dans laquelle l’élégiaque latin est compris à l’aide de toutes les ressources de la science, avec les intuitions du cœur et l’édition de ce poète qui doit prendre place, à côté du Virgile du regretté Benoist, dans une collection savante, sont les fruits de ces labeurs. Il ne faut donc pas être surpris si l’on rencontre de nombreuses études d’après l’antique sous cette enseigne de la Lampe d’argile. Ceux qui aiment les petits tableaux d’André Chénier prendront sans doute plaisir à visiter ce musée, plein de figures de héros et de nymphes. Mais ce qui donne à ce livre le plus grand prix, ce qui le met à côté des meilleurs, ce sont les onze poèmes de la Muse nouvelle. Là est la vraie flamme de la Lampe d’argile ; c’est une flamme amoureuse, et combien forte, et paisible, et douce ! Tout le sérieux du poète breton se retrouve uni à une grâce irrésistible dans ces vers à celle par qui « tous ses jours sont fleuris »,

Qui près de lui le soir travaille sous la lampe.

Par là, par ces nobles élégies, l’illustrateur de Properce se montre un nouveau Properce, moins majestueux, moins ample, mais plus sincère peut-être et plus pur que le premier.