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dant, nous avons, pour charmer notre printemps mouillé, des vers d’amour de M. François Coppée. Celui-là aussi a beaucoup aidé à aimer. Ce n’est pas par méprise qu’on l’a admis dans l’intimité des cœurs. C’est un poète vrai. Il est naturel. Par là, il est presque unique, car le naturel dans l’art est ce qu’il y a de plus rare ; je dirai presque que c’est une espèce de merveille. Et, quand l’artiste est, comme M. François Coppée, un ouvrier singulièrement habile, un artisan consommé qui possède tous les secrets du métier, ce n’est pas trop, en voyant une si parfaite simplicité, que de crier au prodige. Ce qu’il peint de préférence ce sont les sentiments les plus ordinaires et les mœurs les plus modestes. Il y faut une grande dextérité de main, un tact sûr, un sens raisonnable. Les modèles étant sous tous les yeux, la moindre faute contre le goût ou l’exactitude est aussitôt saisie. M. François Coppée garde presque toujours une mesure parfaite. Et, comme il est vrai, il est touchant. Voilà pourquoi il est chèrement aimé. Je vous assure qu’il n’use pas d’autre sortilège pour plaire à beaucoup de femmes et à beaucoup d’hommes. S’il suffit d’une médiocre culture pour le comprendre, il faut avoir l’esprit raffiné pour le goûter entièrement. Aussi son public est-il très étendu. Comme il a du tact, il sait parler de lui-même fort agréablement, et c’est là, pour un poète, un singulier avantage ; car, en faisant leurs confidences, les poètes font les nôtres et, cela nous flatte. Pendant qu’ils nous content joliment