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pleines de respect avec une jeune personne d’une essence mystérieuse, qui joignait au charme féminin la majesté de la mort. Il aima un démon qui, paraissant à son appel, agitait pour lui les parfums de sa chevelure blonde et lui faisait sentir à travers sa tiède poitrine les battements de son cœur angélique. Le doux démon consentit à être photographié par son terrestre et savant ami, qui obtint quarante-quatre clichés. À en juger par le portrait que j’ai sous les yeux, l’esprit de Katie King savait s’envelopper d’une forme charmante. On ne peut qu’admirer l’expression intelligente et triste de son jeune visage, la grâce de sa joue ronde et pure, la chasteté de ses draperies blanches. Encore M. William Crookes nous apprend il que cela n’est rien auprès de ce qu’il a vu, entendu et touché, et que Katie King était incomparablement plus belle que l’image qui nous en reste. « La photographie peut, dit-il, donner un dessin de sa pose ; mais comment pourrait-elle reproduire la pureté brillante de son teint ou l’expression sans cesse changeante de ses traits si mobiles, tantôt voilés de tristesse, lorsqu’elle racontait quelque amer événement de sa vie passée, tantôt souriant avec toute l’innocence d’une jeune fille, lorsqu’elle avait réuni mes enfants autour d’elle et qu’elle les amusait en leur racontant des épisodes de ses aventures dans l’Inde. Autour d’elle, elle créait une atmosphère de vie. Ses yeux semblaient rendre l’air lui-même plus brillant ; ils étaient si doux, si beaux et si pleins de