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SAPHO, DOMPTEUSE

voit aux tauromachies et qui acclame le vainqueur, quel qu’il soit, car le plus placide bourgeois possède alors une âme de tortionnaire et de bourreau.

Quand les quarante rois du désert, crinière au vent et queue battante, parurent dans le cirque, entouré d’une grille protectrice, un long frémissement courut sur les rangs pressés des spectateurs.

Sapho salua ses élèves redoutables à coups de cravache, les forçant à défiler devant elle, à sauter par-dessus les barres appuyées aux parois du pourtour. Ils bondissaient, s’enlevaient furieusement et des étincelles jaillissaient de leurs prunelles.

Puis, presque nue, superbe de jeunesse, d’audace, de talent, la femme, debout sur sa panthère noire, chantait d’une voix vibrante les strophes que Christian avait composées pour elle, et elle semblait appeler l’absent de toute la force de son amour, de toute la passion de son désir.

Les baisers disent que tout aime ;
Que tout nid tient deux amoureux,