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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

M. Oldenberg n’a pas repris toute cette question sans utilité ; il a corrigé plusieurs lapsus de Minayeff ; il a surtout apporté des matériaux utiles, en exposant ses vues sur l’élaboration progressive de l’orthodoxie, en signalant les rencontres du Culla et du M. P. S. et plusieurs autres références. Il nous semble qu’il n’a pas ébranlé la pensée maîtresse de Minayeff. Sans craindre de trahir celle-ci trop gravement, on arrive aux conclusions qui suivent.

Il semble évident que le récit du Culla, en ce qui regarde le concile et ses délibérations à proprement parler scripturaires, n’est pas historique. Nous écarterons l’idée d’une récitation solennelle des Nikāyas et du Vinaya, sans accorder cependant une valeur quelconque au célèbre argument a silentio. D’autre part, les épisodes de Channa, et de Purāṇa, les manquements d’Ānanda, la discussion sur les kṣudrakas portent la marque d’une haute antiquité ; et, sans craindre d’être trop crédule, on admettra comme possible, voir vraisemblable, non-seulement qu’il y ait eu, après la disparition du Bouddha, des assemblées où le pouvoir ecclésiastique s’affirma en réglant des questions disciplinaires, — de cela nous nous tenons pour presque certains, — mais encore que ces assemblées aient eu pour raison d’être la discussion de nos « épisodes ».

Mais, le malheur, c’est que, dans ces sortes de recherches, « donner et retenir ne vaut ». Peut-on de bonne grâce, si l’on admet des délibérations et des décisions disciplinaires, nier la possibilité de délibérations et de décisions doctrinales ou scripturaires ? Pourquoi ne pas accorder quelque créance à la tradition, encore qu’elle soit tardive et tendancieuse ? Il est impossible que les