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LES CONCILES BOUDDHIQUES.

Minayeff se demande s’il n’y a pas dans cette accusation « un écho des prophéties et des idées très modernes sur la fin du Bouddhisme à la suite de l’admission des femmes dans la communauté monastique ».

Je crois, au contraire, que nous entendons ici un écho, fort affaibli et indistinct, d’une controverse « préhistorique » relative à l’admission des femmes[1].

B. Le quatrième péché, dit Minayeff, mérite d’être remarqué. « En ceci aussi, ô Ānanda, tu as commis une faute : alors que Bhagavat te faisait une suggestion, une invitation si claire, si évidente, tu ne l’as pas supplié en disant : que Bhagavat reste pendant le « siècle » (kalpa)…, par pitié pour le monde ». Nous ignorons, poursuit Minayeff, si l’auteur du récit que nous examinons attribuait au Bouddha ce pouvoir [de prolonger sa vie pendant un kalpa] ; mais il ressort de ces paroles que les saints personnages du concile qui jugeaient Ānanda, ne doutaient pas que le Bouddha n’eut pu, s’il l’avait désiré ou qu’on le lui eut demandé convenablement, continuer à vivre un kalpa entier[2] ; ils partageaient une conviction qui, dans le canon, est attribuée aux Mahāsāṁgikas et déclarée hérétique. L’enseignement des Mahāyānikas

  1. Voir p. 94, n. 1 à la fin.

    Je n’insiste pas sur l’absurdité du reproche adressé à Ānanda de s’être fait l’instigateur d’une mesure prise par le Bouddha lui-même. Et les moines viennent de « chanter », sans objection, le double « Vinaya » (ubhato vinaye), c’est-à-dire le Vinaya des bhikṣuṇīs comme celui des bhikṣus ! — Pour le dire en passant, Minayeff semble s’être trompé sur le sens de cette expression (= Vibhaṅga et Khandakas). Voir Buddh. Studien, p. 618, n. 1.

  2. « Le Tathāgata peut rester en vie pour le kappa ou pour le reste du kappa ». — Voir M. P. S. III 3, 45, et Milinda, p. 140 = Rhys Davids, I p. 198.