Page:La Vallée-Poussin - Les Conciles bouddhiques.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235]
23
LES CONCILES BOUDDHIQUES.

Voici les remarques de M. Oldenberg sur ce point : « Le jugement d’Ānanda permet-il d’opposer « aux dogmes définis sur l’arhat, le vague des idées primitives au sujet du saint » ? Avons-nous vraiment quelque raison de croire à cette incertitude primitive ? Tout me semble indiquer que le « cercle d’idées » de l’ancien Bouddhisme s’est attaché dès l’origine à établir le concept de l’Impeccant, du Délivré[1]. Et la tradition, septentrionale comme méridionale, me paraît unanime à nous garantir ce concept comme très ancien : les divergences de vue sur l’Arhat qui se rencontrèrent chez les théologiens systématiques postérieurs, ne changent rien à mon avis sur ce point. Mais, en fait, il est inutile de me préoccuper ici de ce problème : il suffit de faire remarquer qu’Ānanda devient Arhat immédiatement avant le commencement des opérations du concile. Le récit appuie sur ce point qu’il n’était pas Arhat auparavant. Pour les dukkaṭa qu’il a commis, il les a commis du vivant du Maître, avant d’être Arhat. Or, quiconque est dans quelque mesure familier avec l’exposé des procédures disciplinaires, telles que le Vinaya nous les donne, verra sans difficulté que toute faute une fois commise doit trouver sa sanction disciplinaire, sans

    Hiouen-Thsang. — Mais il y a beaucoup de gens qui croient à la naissance du Bouddha dans le jardin de Lumbinī sur la foi d’une inscription d’Açoka. Or qui dira quand est né le Cakravartin sous l’arbre des nuées ?

  1. On sait que les livres d’Abhidharma (Dhammasaṅgaṇi, Kaihāvatthu) distinguent fort nettement le nirvāṇa, qui seul est asaṁskṛta, et l’arhattva qui n’est autre chose que la disparition des āsravas, du rāga (vītarāgatva). Le saṁskṛta est sāsrava ou anāsrava. Voir M. Vyut. § 109.101 et suiv. — L’impeccable n’est pas délivré des skandhas.