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LE MUSÉON.

Ceci démontre aussi, pour raisonner a silentio, que les Vinayas, avec leurs Vibhaṅgas, sont antérieurs au Mahāparinibbāna, puisqu’ils ne parlent pas du brahmadaṇḍa[1].

3) Manquements d’Ānanda (§ 10). — La récitation est terminée. Les moines reprochent à Ānanda un certain nombre de fautes et Ānanda répond comme nous avons vu.

I. Avant d’entrer dans le détail des péchés, quelques observations s’imposent.

A. Comment peut-on faire des reproches quelconques à Ānanda, lequel est Arhat ?

« Ānanda était déjà devenu un saint impeccable, c’est-à-dire un arhat, et cependant il se soumet à un jugement ; l’assemblée l’invite à faire pénitence de quelques péchés… Buddhaghosa, dans sa relation du premier concile, a laissé de côté tout cet épisode. Peut-être a-t-il trouvé scandaleux pour les fidèles un récit où il est question des péchés d’un Arhat, impeccable suivant les dogmes postérieurs ; toujours est-il que, dans les récits les plus anciens, on a conservé, malgré leur rédaction récente, le vague des idées primitives au sujet du saint. On ne peut guère considérer le fait même du jugement comme une invention de la légende, et encore au VIIe siècle, à l’endroit où fut jugé Ānanda, s’élevait, s’il faut en croire Hiouen-Thsang, un stūpa en mémoire de cet événement »[2].

  1. D’autres remarques sur cet épisode voir p. 24 et p. 38, n. 1.
  2. Minayeff, Recherches p. 31. Cette dernière phrase révolte M.  Oldenberg (p. 626). Peut-être Minayeff ne pousse-t-il pas la crédulité aussi loin que M.  O. le suppose : on peut voir ici un exemple notable de son ironie. L’histoire des fautes d’Ānanda porte en elle-même un caractère d’authenticité : le monument dont parle le pèlerin chinois n’est qu’une preuve d’appoint. Il s’est passé pas mal de siècles, en effet, entre le jugement d’Ānanda et l’époque de