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LE MUSÉON.

Tout au plus peut-on parler, dans un certain sens, d’une certaine Discrepanz, — car il ne faut jamais perdre le

    dément pas hésiter sur la manière dont le rédacteur du Culla s’est représenté la chose. Les sources singhalaises modernes, comme les sources du Nord, placent la scène à Kusinārā… Le récit du Culla qui se soude (anschliesst) au Mahāparinibbāna Sutta dont il reproduit textuellement de longs passages, n’a certainement pas l’intention de faire apparaître Kassapa en un autre endroit que celui où le M. P. S. le conduit et où toutes les autres sources citées le font apparaître ». Je le veux bien ; j’en serais plus sûr si j’étais certain que le Culla a réellement interpolé les paragraphes M. P. S. VI 36-39, 41, 40 ; — lesquels, comme l’a remarqué souventes fois M.  Oldenberg, n’aboutissent à rien dans le M. P. S. ; si je comprenais pourquoi Kāçyapa ne répond rien à Subhadra, non plus que les autres moines dont la piété s’est manifestée par des pleurs intempestifs. M.  Oldenberg ne voit pas, apparemment, de difficulté dans ce dernier détail.

    Mais les bouddhistes ne l’ont pas compris mieux que Minayeff, à preuve les variantes de l’épisode. Seul le Mahāparinibbānasutta traduit par Fa-hien (Nanjio 118) imite la réserve du texte pāli. Mais dans le Sarvāstivādavinaya (Nanjio, 1115)(1) : « An old, bad and stupid bhikṣu… ; Kāçyapa heard his words, but others did not perceive them, because through deva’s miraculous power they were kept secret ». Dans le Mūlasarvātivādanikāyasaṁyuktavastu (Nanjio 1121), lequel, pour le dire en passant, fait suivre le M. P. S. par le récit du Concile, — ce qui est très bien : « An old bhiksu… ; many gods in the sky hearing his injust utterance kept his voice secret by their miraculous power and let nobody hear it except Kāçyapa. Kāçyapa understood his words. Then the Venerable One, to exhort him, stood for a little at the wayside and addressed the assembly, saying : … sahbeh’eva piyehi manāpehi… n’etaṁ ṭhānaṁ vijjatīti (M. P. S. VI 41) ».

    Dans d’autres sources, les paroles de Subhadra (dont le nom

    (1) Cette citation, ainsi que celles qui suivent, d’après une obligeante communication de M.  U. Wogihara.