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fications et là par travail d’enfants horriblement surmenés et maigrement rétribués, ici encore par la substitution de la trame de coton dans les produits étiquetés comme « laine pure ». Le shoddy ou « renaissance », qui consiste en chiffons de laine ramassés partout et filés à nouveau, dont on faisait autrefois de méchantes couvertures pour les Indiens d’Amérique, s’utilise maintenant pour la fabrication de diverses étoffes, et c’est dans la production de ces articles qu’excellent les grandes fabriques. Mais certains lainages, particulièrement les articles de fantaisie, dépendant surtout de la mode, sont encore faits à la main. Ainsi, en 1881, les métiers manuels de Leeds travaillaient activement à la confection d’étoffes de laine, imitations loutre.

Les diverses industries domestiques exercées dans le district des lacs anglais sont beaucoup plus nombreuses qu’on ne pourrait s’y attendre, mais encore très peu connues. Nous ne citerons que la tonnellerie, la vannerie, les charbonnières, la bobinerie, la fabrication du fer à Backbarrow, au moyen de petites forges alimentées par le charbon de bois[1]. On est fort peu au courant de tous les métiers qui s’exercent encore dans les campagnes, et la constatation de certains faits ne laisse pas que de surprendre : Ainsi, se douterait-on que les clous sont encore faits à la main par des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le « pays noir » du Staffordshire méridional et dans le Derby[2] ? On fait aussi les chaînes à la main à Dudley et à Cradley, et, quoique la presse ne cesse de constater la misérable condition des hommes et surtout des femmes qui travaillent dans ces forges, cette branche des petites industries n’en continue pas moins à se maintenir. À Walsall, à Wolwerhampton et à Willenhall, sept mille serruriers s’occupent dans de tout petits ateliers, fabriquant à la main jusqu’aux serrures de la plus médiocre qualité ; on fait aussi à Walsall tout ce qui concerne la sellerie, mors, éperons, brides, etc. M. Bevan nous apprend même qu’à Redditch on fait encore des aiguilles à la main.

La fabrication des fusils et carabines à Birmingham est bien connue, et quant aux industries domestiques qui, en Grande-Bretagne, ont le vêtement pour objet, je n’ai qu’à rappeler les cottages irlandais et ceux des comtés de Devon, de Buckingham, d’Oxford et de Bedford, où se font des broderies et des dentelles ; la bonnetterie est l’occupation ordinaire des villageois dans les comtés de Nottingham et de Derby, d’importantes maisons de Londres commandent leurs draps dans les villages du Sussex et du Hamps ; les tricots de laine se font dans le Leicester et surtout en Écosse, la paille tressée

  1. E. Roscoe, documents pour l’English Illustrated Magazine, mai 1884.
  2. Bevan, Guide to English Industries.