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RENOUVEAU D’UNE CITÉ


Qui n’entendit parler, peu ou prou, de la capitale de l’Écosse ? Qui n’a gardé le souvenir des inoubliables romans de Walter Scott ? Qui ne sait le rôle joué par Édimbourg dans l’histoire ? Qui ne sait tout au moins qu’on admire ses magnifiques perspectives ? — Mais ce que l’on ignore généralement, c’est qu’Édimbourg fait œuvre sociale, et qu’en cette ville l’idée de la « Société Nouvelle » se précise mieux qu’ailleurs, prend forme concrète, se réalise. Petit commencement, mais un modèle, déjà.

On sait que le vieux Édimbourg recouvre un bloc de lave, à pic de trois côtés. En haut de la noire masse, qui fut le bouchon d’un cratère dont les parois de cendres ont disparu, se dresse le « Castle » ou château-fort, auquel on travailla pendant un millier d’années. Par le désordre grandiose et pittoresque de ses portes, donjons et remparts, — mur par ici, tour par là, — le Castle fait contraste avec la ville neuve, dont les faubourgs qui l’enceignent rayonnent à sa base, et vont rejoindre, au nord, la ville maritime de Leith qu’habite une population très différente de celle d’Édimbourg. On prétend ne pas se connaître de l’une à l’autre cité — et de fait, on ne se connaît guère : « Athènes n’a rien de commun avec le vulgaire Pirée. »

La crête de la colline se continue en s’abaissant d’une pente égale jusqu’à la célèbre abbaye de Holyrood. La forteresse féodale et le sanctuaire religieux constituaient autrefois la cité presque entière. Au milieu de la rue Haute (High Street) qui suit l’arête de lave, se dresse, en manière d’autel, une pierre sur laquelle, lors des grands jours, monte un héraut d’armes costumé à l’antique. Il proclame, en langage suranné, la loi que vient d’édicter Sa Majesté Victoria, reine d’Écosse, car, à Édimbourg, l’Impératrice des Indes n’est autre que l’héritière de la famille des Stuart. Il faut dire que l’Écossais , avisé dans les choses du présent, n’entend pas renoncer à son glorieux passé, tout en travaillant à un avenir meilleur. Il veut que sa ville conserve le cachet d’autrefois. Orgueilleusement paradent sur les places les Highlanders ou « Montagnards, » en leur costume bizarre, avec quelque pelle-