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9Je ne lui ai pas égalé les pierres les plus précieuses,
car tout l’or du monde n’est auprès d’elle qu’un peu de sable,
et l’argent, à côté d’elle, doit être estimé comme de la boue.
10Je l’ai aimée plus que la santé et la beauté ;
j’ai préféré la posséder plutôt que la lumière[1],
car son flambeau ne s’éteint jamais.
11Avec elle me sont venus tous les biens,
et des richesses innombrables sont dans ses mains.
12Et je me suis réjoui de tous ces biens,
car la sagesse les amène avec elle[2] ;
j’ignorais pourtant qu’elle en était la mère.
13Je l’ai apprise sans arrière-pensée,
je la communique sans envie, et je ne cache point ses trésors.
14Car elle est pour les hommes un trésor inépuisable ;
ceux qui en usent ont part à l’amitié de Dieu,
à qui les recommandent les dons acquis par l’instruction.

5. Chap. vii, 15 — viii, 1 : La sagesse divine, mère de la sagesse humaine.Salomon demande à Dieu de lui accorder de bien parler de la sagesse (vii, 15, 16), qui l’a instruit lui-même de toutes sciences (vii, 17-22a). La sagesse divine, ses attributs (vii, 22b-24), ce qu’elle est par rapport à Dieu (vii, 25, 26), son activité (vii, 27, 28), son éclat (vii, 29 — viii, 1).

15Que Dieu me donne[3] d’en parler comme je le voudrais,
et de concevoir des pensées dignes des dons que j’ai reçus !
Car c’est lui qui conduit la sagesse,
et qui dirige les sages.
16Nous sommes dans sa main, nous et nos discours,
et toute la prudence et le savoir-faire.
17C’est lui qui m’a donné la véritable science des êtres,
pour me faire connaître la structure de l’univers
et les propriétés des éléments[4],
18le commencement, la fin et le milieu des temps,
les retours périodiques du soleil, les vicissitudes des temps,
19les cycles des années et la position des étoiles,
20la nature des animaux et les instincts des bêtes,
la puissance des esprits et les raisonnements des hommes,
les différentes espèces des plantes et la vertu des racines.
21Tout ce qui est caché et à découvert[5], je l’ai appris ;
22car la sagesse[6], ouvrière de toutes choses, me l’a enseigné.

En elle, en effet, il y a un esprit intelligent, saint,
unique, multiple, immatériel,
actif, pénétrant, sans souillure,
infaillible, impassible, aimant le bien, sagace,
ne connaissant pas d’obstacle, bienfaisant,
23bon pour les hommes, immuable, assuré, tranquille,
tout-puissant, surveillant tout,
pénétrant tous les esprits,
les intelligents, les purs et les plus subtils[7].

  1. 10. J’ai préféré la posséder plutôt que la lumière. Vulg. Je me suis proposé de l’avoir pour lumière. — Ne s’éteint jamais. litt. est sans sommeil.
  2. 12. Car la sagesse les amène avec elle. Vulg. Car cette sagesse me précédait.
  3. 15. Que Dieu me donne. Vulg., Dieu m’a donné.
  4. 17-21. L’auteur attribue à Salomon des connaissances plus ou moins étendues en cosmologie, en astronomie, en logique et psychologie, en zoologie, en botanique, en pharmacie. Comp. I Rois, iv, 33. Dans la Vulg. le premier membre du vers. 22 est rattaché au vers. 21.
  5. 21. À découvert. Vulg. inconnu.
  6. 22. En elle il y a un esprit : le manuscrit d’Alexandrie litt. : elle est un esprit, ce qui identifierait la sagesse et l’Esprit : comp. i, 6 ; ix, 17. — Unique, seul de son espèce : comp. Jean, i, 14, 18, où cette épithète est appliquée au Fils de Dieu. — Multiple dans ses attributs et ses opérations : comp. I Cor. xii, 11. — Impassible, étendant son influence et son action sur toutes choses, sans subir lui-même l’influence d’aucune. La Vulg. ajoute suavis.
  7. 23. Pénétrant les esprits, les intelligents, les purs et les plus subtils. La Vulg. attribue à tort ces trois dernières qualifications à l’Esprit lui-même.