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POÈME
PREMIÈRE PARTIE.
[III, 1 — XXXI, 40.]
DISCUSSION DE JOB ET DE SES TROIS AMIS
I. — PREMIER CYCLE DE DISCOURS.
[III, 1 — XIV, 22.]
1. Chap. iii, 1-26 : Plaintes de Job.Il maudit le jour de sa naissance et la nuit de sa conception (iii, 1-10). Que n’est-il, au lieu de naître, allé jouir du repos au schéol (iii, 11-19) ! Pourquoi donner la vie aux malheureux, tels que lui (iii, 20-26) ?

Alors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2Job prit la parole et dit :

3Périsse le jour où je suis né, et la nuit qui a dit : “Un homme est conçu !”

4Ce jour, qu’il se change en ténèbres, que Dieu[1] d’en haut n’en ait pas souci, que la lumière ne brille pas sur lui ! 5Que les ténèbres et l’ombre de la mort[2] le revendiquent, qu’un nuage épais le couvre, que l’éclipse de sa lumière jette l’épouvante !

6Cette nuit, que les ténèbres en fassent leur proie, qu’elle ne compte pas dans les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans la supputation des mois ! 7Que cette nuit soit un désert stérile, qu’on n’y entende pas de cri d’allégresse ! 8Que ceux-là la maudissent, qui maudissent les jours,[3] qui savent évoquer Léviathan ! 9Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, qu’elle attende la lumière, sans qu’elle vienne, et qu’elle ne voie point les paupières[4] de l’aurore, 10parce qu’elle ne m’a pas fermé les portes du sein, et n’a pas dérobé la souffrance à mes regards !

11Que ne suis-je mort dès le ventre de ma mère, au sortir de ses entrailles que n’ai-je expiré ! 12Pourquoi ai-je trouvé deux genoux pour me recevoir, et pourquoi deux mamelles à sucer ?

  1. III, 4. Dieu. Dans le poème, on emploie souvent la forme rare du sing. (Eloah), au lieu de la forme usuelle du pluriel (Elohîm).
  2. 5. L’ombre de la mort, une obscurité profonde, telle que celle du schéol (Gen. xxxvii, 35), séjour des morts. — Que l’éclipse, etc. LXX et Vulg. (lisant ki meriré en deux mots), qu’il soit enveloppé d’amertume.
  3. 8. Qui maudissent les jours : magiciens ou enchanteurs auxquels la croyance populaire supposait le pouvoir de rendre certains jours néfastes. — Léviathan : Ici, le Dragon céleste (constellation), toujours prêt, selon les mythologies orientales, à s’élancer pour dévorer le soleil et la lune, ce qui amenait des éclipses.
  4. 9. Les paupières (Vulg., le lever) de l’aurore, ses premiers rayons.