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demanda s’il y avait au ciel un souverain qui eût ordonné de célébrer le jour du sabbat. 4Ils lui répondirent : “C’est le Seigneur, Dieu vivant, lui le souverain Maître au ciel, qui a ordonné de solenniser le septième jour”. — 5“Et moi aussi, reprit l’autre, je suis souverain sur la terre, et je commande qu’on prenne les armes et qu’on fasse le service du roi. “Pourtant il ne réussit pas à réaliser son mauvais dessein.

6Pendant que Nicanor, dans son orgueilleuse sécurité, songeait à dresser un trophée commun de Judas et de ses compagnons, 7Machabée ne cessait d’avoir confiance, avec pleine espérance, qu’il obtiendrait assistance de la part du Seigneur. 8Il exhortait les siens à ne pas craindre l’attaque des nations, mais, se souvenant des secours que le Ciel leur avait accordés dans le passé, à compter que le Tout-Puissant leur donnerait encore en ce moment aide et victoire. 9Il les encouragea en citant la loi et les prophètes, et leur rappela en outre les combats qu’ils avaient soutenus, et leur inspira ainsi une grande ardeur. 10Après avoir relevé leur courage, il leur donna ses ordres, leur représentant en même temps la perfidie des nations et leur violation des serments. 11Quand il eut armé chacun d’eux, non pas tant de la sécurité que donnent les boucliers et les lances, mais de la confiance qu’inspirent les bonnes paroles, il leur raconta en outre un songe digne de foi, une vision réelle, qui les réjouit tous. 12Voici ce qu’il avait vu : Le grand prêtre Onias, cet homme de bien, d’un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à toutes les pratiques de la vertu, il l’avait vu, les mains étendues, priant pour toute la nation des Juifs. 13Ensuite lui était apparu, de la même manière, un homme distingué par son grand âge et son air de dignité, d’un aspect admirable, et entouré de la plus imposante majesté. 14Onias, prenant la parole, lui avait dit : “Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte, Jérémie, le prophète de Dieu.” 15Puis Jérémie, étendant la main droite, avait donné à Judas une épée d’or et, en la lui remettant, il avait dit : 16“Prends cette sainte épée, c’est un don de Dieu ; avec elle tu briseras tes ennemis.”

17Animés par ces nobles paroles de Judas, bien capables d’exciter à la vaillance et de fortifier les âmes des jeunes gens, ils résolurent de ne pas se retrancher dans un camp, mais de se jeter hardiment sur l’ennemi, et, dans un combat acharné, de décider l’affaire, puisque la ville, la religion et le temple étaient en péril. 18Car, dans cette lutte, ils songeaient moins à leurs femmes, à leurs enfants, à leurs frères et à leurs proches ; leur plus grande crainte, et la première, était pour le temple saint. 19L’angoisse des citoyens restés dans la ville n’était pas moindre, inquiets qu’ils étaient sur l’issue du combat qui allait se livrer dehors.

20Pendant que tous attendaient le prochain dénouement, que déjà les ennemis se rassemblaient, en ordre de bataille, que les éléphants étaient disposés à la place convenable et les cavaliers sur les ailes, 21Machabée, voyant cette immense multitude, l’appareil varié de leurs armes, l’aspect farouche des éléphants, habilement disposés, leva les mains au ciel et invoqua le Seigneur qui fait des prodiges ; car il savait que la victoire ne vient pas de la force des armes, mais que c’est Dieu qui en décide et l’accorde à ceux qui en sont dignes. 22Voici quelle fut sa prière : “Vous, souverain Maître, qui avez envoyé votre ange, sous Ezéchias, roi de Juda, et qui avez exterminé cent quatre-vingt cinq mille hommes du camp de Sennachérib, 23maintenant encore, ô Souverain des cieux, envoyez votre bon ange devant nous, pour qu’il répande la crainte et l’effroi. 24Que par la grandeur de votre bras soient frappés ceux qui sont venus, le blasphème à la bouche, contre votre peuple saint ! “Telles furent ses paroles.

25Cependant Nicanor et son armée s’avançaient au son des trompettes et des chants de guerre. 26Judas et les siens engagèrent le combat en invoquant et en priant. 27Combattant de leurs bras et priant Dieu dans leurs cœurs, ils couchèrent par terre au moins trente-cinq mille hommes, et ils se réjouirent grandement du secours manifeste de Dieu.

28L’affaire terminée, pendant qu’ils se débandaient joyeusement, ils reconnurent que Nicanor était tombé, revêtu de son armure. 29Alors, au milieu des clameurs et de la confusion, ils bénirent le Maître souverain dans la langue de leurs pères. 30Et celui qui s’était consacré tout entier, corps et âme, à la défense de ses concitoyens, qui avait conservé pour ses compatriotes l’affection de sa jeunesse, Judas ordonna[1] de couper la tête de Nicanor et sa main avec son bras, et de les porter à Jérusalem. 31Il s’y rendit lui-même, convoqua ses compatriotes et les prêtres, et, s’étant placé devant l’autel, il envoya

  1. XV, 30. Judas ordonna, etc. Comp. I Mach. vii, 47.