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3. Chap. xi, 1-15 : Défaite de Lysias ; traité de paix.Dans sa colère, Lysias prépare la revanche (xi, 1-4). À Bethsur ; prière de Machabée, son courage (xi, 5, 6). Apparition, victoire, fuite de Lysias (xi, 7-12). Propositions de paix (xi, 13-15).

Très peu de temps après, Lysias, tuteur et parent du roi, et régent du royaume, supportant avec peine ce qui venait d’arriver,[1] 2rassembla environ quatre-vingt mille hommes et toute sa cavalerie, et se mit en marche contre les Juifs, comptant bien peupler de Grecs la ville sainte, 3assujettir le temple à un tribut, comme tous les autres sanctuaires des nations, et vendre chaque année la dignité de grand prêtre ; 4ne considérant nullement en cela la puissance de Dieu, mais fier outre mesure de ses myriades de fantassins, de ses milliers de cavaliers et de ses quatre-vingts éléphants.

5Étant donc entré en Judée, il s’approcha de Bethsur, place de difficile accès, à environ cinq stades de Jérusalem, et la pressa vivement. 6Lorsque Machabée et ses compagnons apprirent que Lysias assiégeait les forteresses, ils prièrent le Seigneur avec des gémissements et des larmes, et tout le peuple avec eux, d’envoyer un bon ange pour la délivrance d’Israël. 7Machabée le premier prit les armes, et il exhorta les autres à s’exposer avec lui au péril pour secourir leurs frères. 8Tous se mirent en marche avec une généreuse ardeur ; et, comme ils étaient encore en vue de Jérusalem, un cavalier vêtu de blanc apparut à leur tête, agitant une armure d’or. 9Alors tous ensemble bénirent le Dieu miséricordieux, et ils furent fortifiés dans leurs cœurs, prêts à combattre non seulement des hommes, mais les bêtes les plus farouches, et à percer des murailles de fer. 10Ils s’avancèrent en ordre de bataille, ayant un auxiliaire venu du ciel, et le Seigneur ayant compassion d’eux. 11S’étant jetés comme des lions sur les ennemis, ils couchèrent par terre onze mille fantassins et seize cents cavaliers, 12et mirent les autres en fuite. La plupart d’entre eux échappèrent blessés et sans armes ; Lysias lui-même ne sauva sa vie que par une fuite honteuse.

13Mais comme il ne manquait pas de sens, il réfléchit sur sa défaite et, comprenant que les Hébreux étaient invincibles, puisque le Dieu tout-puissant combattait avec eux, il leur envoya 14proposer la réconciliation sous toutes conditions équitables, s’offrant en conséquence à persuader au roi la nécessité de devenir leur ami. 15Machabée consentit à tout ce que proposait Lysias, n’ayant en vue que l’intérêt public ; car toutes les conditions que Machabée transmit par écrit à Lysias au sujet des Juifs, le roi les consentit.[2]

4. Chap. xi, 16-21 : Lettre de Lysias aux Juifs.

16La lettre que Lysias écrivit aux Juifs était conçue en ces termes :

“Lysias au peuple Juif, salut. 17Jean et Absalom, que vous m’avez envoyés, m’ayant remis l’acte signé de vous, m’ont demandé d’en accomplir les clauses. 18Tout ce qui devait être soumis au roi, je le lui ai fait connaître, et il a accordé ce qui était admissible. 19Si donc vous persévérez dans votre bon vouloir vis-à-vis du gouvernement, je m’efforcerai aussi désormais de contribuer à votre bonheur. 20Quant à certains détails, j’ai donné des explications à vos envoyés et aux miens pour en conférer avec vous. 21Portez-vous bien. L’an cent quarante-huit, le vingt-quatre du mois de Dioscorinthe.”

5. Chap. xi, 22-26 : Lettre d’Antiochus à Lysias.

22La lettre du roi était ainsi conçue :

“Le roi Antiochus à son frère Lysias, salut. 23Notre père ayant été transféré parmi les dieux, nous, — voulant que ceux de notre royaume se livrent sans trouble au soin de leurs affaires, 24et ayant appris que les Juifs ne consentent pas, comme le voulait notre père, à adopter les mœurs grecques, mais qu’ils préfèrent leurs coutumes particulières et demandent, en conséquence, qu’il leur soit permis de vivre selon leurs lois, 25désirant donc que cette nation ne soit pas non plus troublée, — nous ordonnons que le temple leur soit rendu et qu’ils puissent vivre selon les coutumes de leurs ancêtres. 26Tu feras donc bien d’envoyer vers eux et de leur tendre la main, afin que, connaissant nos intentions,

  1. XI, 1. Lysias. Il ne semble pas possible d’identifier cette expédition avec celle de I Mach., iv, 26-35. Il faudrait supposer chez l’auteur de II Mach. un dédain excessif de l’ordre chronologique ; d’ailleurs c’est II Mach., viii, 30-33 qu’il faut vraisemblablement rapprocher de I Mach. iv, 26-35). D’autre part, I et II Mach. ont en commun le récit d’une autre campagne de Lysias (I Mach., vi ; II Mach. xiii). On est donc amené à penser qu’ici l’auteur de II Mach. a un récit qui lui est propre.
  2. 15. Les conditions du traité de paix rédigées par Judas Machabée, en réponse aux propositions de Lysias, et apportées par Jean et Absalom. — Suivent quatre documents relatifs à la conclusion de la paix.