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des ennemis, et non sur des gens de la même nation. 7D’une part, il ne réussit pas à s’emparer du pouvoir, et, de l’autre, ses intrigues aboutirent pour lui à la confusion ; il dut regagner en fugitif le pays des Ammonites. 8Comme terme de sa vie criminelle, on le vit serré de près chez Arétas, roi des Arabes, fuyant de ville en ville, poursuivi par tous, détesté comme transgresseur des lois, exécré comme le bourreau de sa patrie et de ses concitoyens, ignominieusement chassé jusqu’en Égypte. 9Lui qui avait banni tant de personnes de leur patrie, il périt sur la terre étrangère, après s’être rendu à Lacédémone dans l’espoir d’y trouver un refuge, en considération de la commune origine. 10Lui qui avait jeté tant d’hommes sur le sol sans sépulture, nul ne le pleura et ne lui rendit aucun des derniers devoirs ; il ne fut pas enseveli dans le tombeau de ses pères.

2. Chap. v, 11-27 : Débuts de la persécution.Antiochus croit à une défection, sa vengeance, meurtres et profanation du Temple (v, 11-20) ; après son départ, cruautés d’Apollonius (v, 21-26) ; Judas Machabée au désert (v, 27).

11Ces événements étant arrivés à la connaissance du roi, il crut que la Judée faisait défection. Il partit donc d’Égypte, furieux comme une bête féroce, et s’empara de la ville à main armée.[1]12Il ordonna aux soldats de tuer sans pitié ceux qui tomberaient entre leurs mains, et d’égorger ceux qui monteraient sur les toits des maisons. 13Ainsi furent tués des jeunes gens et des vieillards ; ainsi périrent des hommes faits, des femmes et des enfants ; ainsi furent égorgés des jeunes filles et des nourrissons. 14Le nombre des victimes pendant ces trois jours, fut de quatre-vingt mille, dont quarante mille furent massacrés[2] et autant furent vendus comme esclaves. 15Non content de ces atrocités, il osa pénétrer dans le temple le plus saint de toute la terre, ayant pour guide Ménélas, traître envers les lois et envers sa patrie. 16Et prenant de ses mains souillées les objets sacrés, et arrachant les offrandes déposées par les autres rois pour rehausser la gloire et la dignité de ce lieu, il les remettait à des mains profanes. 17Antiochus s’enflait d’orgueil dans son esprit, ne considérant pas que le Seigneur était irrité pour peu de temps à cause des péchés des habitants de la ville, et que c’était pour cela qu’il détournait ses regards de ce lieu. 18Autrement, s’ils n’avaient pas été coupables d’un grand nombre de péchés, lui aussi, comme Héliodore, envoyé par le roi Séleucus pour inspecter le trésor, il aurait été, dès son arrivée, flagellé et réprimé dans son audace. 19Mais Dieu n’a pas choisi le peuple à cause de ce lieu ; il a choisi ce lieu à cause du peuple. 20C’est pourquoi ce lieu a participé aux malheurs du peuple, comme il a été ensuite associé aux bienfaits du Seigneur ; délaissé dans la colère du Tout-Puissant, il a été de nouveau, quand le souverain Seigneur s’est réconcilié avec son peuple, rétabli en toute sa gloire.

21Antiochus, ayant donc enlevé au temple dix-huit cents talents, s’en retourna en hâte à Antioche, s’imaginant dans son orgueil, à cause de l’enivrement de son cœur, pouvoir rendre navigable la terre ferme et viable la mer. 22Mais il laissa des préposés pour tourmenter le peuple : à Jérusalem, Philippe, originaire de Phrygie, plus cruel encore que celui qui l’avait établi ; 23à Garizim[3], Andronique ; et, outre ceux-ci, Ménélas qui, avec plus de méchanceté que les autres, s’élevait insolemment au-dessus de ses concitoyens 24et nourrissait des sentiments de haine contre les patriotes Juifs. De plus, Antiochus envoya l’infâme Apollonius à la tête d’une armée de vingt-deux mille hommes, avec ordre de mettre à mort tous les hommes dans la force de l’âge et de vendre les femmes et les enfants. 25Arrivé à Jérusalem, Apollonius, simulant des intentions pacifiques, se tint tranquille jusqu’au saint jour du sabbat et, lorsqu’il vit les Juifs en train de le célébrer, il fit prendre les armes à ses troupes[4]. 26Et tous ceux qui étaient sortis pour le spectacle[5], il les fit massacrer et, parcourant la ville avec ses soldats, il mit à mort une multitude de personnes.

27Or, Judas Machabée, lui dixième, se retira dans le désert, vivant à la manière des bêtes fauves sur les montagnes, avec ses compagnons, ne mangeant jamais que des herbes, pour ne pas se souiller.

  1. 11-16. Comp. I Mach. i, 21-29.
  2. 14. Massacrés, litt. furent frappés par les mains ; dans la Vulg. furent enchaînés. La traduction de la Vulg. double le nombre, déjà énorme, des victimes de la cruauté d’Antiochus.
  3. 23. Garizim, lieu de culte des Samaritains. 24-26. Comp. I Mach. I, 30-34.
  4. 25. Il fit prendre les armes à ses troupes, peut-être sous prétexte de parade.
  5. 26. Le spectacle, peut-être de la parade.