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roi le fit asseoir auprès de lui, 63et il dit aux grands de sa cour : “Sortez avec lui au milieu de la ville, et publiez que personne n’élève de plainte contre lui pour quoi que ce soit, et que nul ne le moleste sous aucun prétexte.” 64Quand ses accusateurs virent qu’on lui rendait ces honneurs publics[1] et qu’il était revêtu de la pourpre, tous s’enfuirent. 65Ajoutant encore à ces honneurs, le roi l’inscrivit au nombre de ses premiers amis et le fit général et gouverneur de province. 66Et Jonathas revint à Jérusalem en paix et joyeux.

6. Chap. x, 67-89 : Victoire de Jonathas sur Apollonius.Démétrius II monte contre Alexandre (x, 67, 68). Son général Apollonius vient à Jamnia provoquer Jonathas (x, 69-73). Jonathas descend vers lui, s’empare de Joppé (x, 74-76), défait Apollonius auprès d’Azot (x, 77-85), reçoit les hommages d’Ascalon (x, 86, 87). Joie d’Alexandre (x, 88, 89).

67L’an cent soixante-cinq, Démétrius, fils de Démétrius, vint de Crète dans le pays de ses pères. 68À cette nouvelle, le roi Alexandre ressentit une grande douleur, et il retourna à Antioche. 69Démétrius prit pour général Apollonius, gouverneur de la Coelé-Syrie, et celui-ci rassembla une grande armée et vint camper près de Jamnia. Là, il envoya dire à Jonathas, le grand prêtre : 70“Toi, tout seul, tu t’élèves contre nous, et moi je suis devenu un objet de dérision et d’opprobre à cause de toi ! Comment oses-tu, toi, jouer l’indépendant vis-à-vis de nous, dans tes montagnes ? 71Maintenant donc, si tu as confiance dans tes forces, descends vers nous dans la plaine, et là mesurons-nous ensemble, car j’ai pour moi les puissantes villes de la côte.[2]

72Informe-toi et apprends qui je suis et quels sont les autres qui me prêtent leur concours. Ils affirment que votre pied ne peut tenir devant nous, puisque deux fois tes pères ont été mis en fuite dans leur pays. 73Et maintenant, tu ne pourras soutenir le choc de la cavalerie et d’une armée si nombreuse, dans une plaine où il n’y a ni pierre, ni rocher, ni un lieu où l’on puisse se réfugier.”

74Quand Jonathas eut entendu les paroles d’Apollonius, il ressentit une vive indignation ; il fit choix de dix mille hommes et partit de Jérusalem, et son frère Simon vint le rejoindre pour le soutenir. 75Ils allèrent camper près de Joppé[3] ; la ville leur ferma ses portes, car elle était occupée par une garnison d’Apollonius ; aussi en commencèrent-ils le siège. 76Les habitants effrayés ouvrirent les portes, et Jonathas fut maître de Joppé. 77Dès qu’il en fut informé, Apollonius mit en ordre de bataille trois mille cavaliers et une armée nombreuse, 78et se dirigea du côté d’Azot, comme pour se retirer ; et en même temps il s’avançait vers la plaine, parce qu’il avait un grand nombre de cavaliers en qui il avait confiance. Jonathas le suivit du côté d’Azot, et les deux armées en vinrent aux mains. 79Apollonius avait laissé derrière lui mille cavaliers dans un poste caché ; 80mais Jonathas eut avis qu’il y avait une embuscade dressée derrière lui. Les cavaliers entourèrent sa troupe et lancèrent des traits contre ses hommes depuis le matin jusqu’au soir. 81Et ses hommes tinrent bon, ainsi que l’avait recommandé Jonathas, tandis que les chevaux des cavaliers se fatiguèrent. 82Alors Simon fit avancer sa troupe et attaqua la phalange, car la cavalerie était sans force ; les Syriens furent battus par lui et prirent la fuite. 83La cavalerie[4] se débanda dans la plaine, et les fuyards gagnèrent Azot, où ils entrèrent dans Beth-Dagon, leur temple d’idole, pour y trouver un asile. 84Jonathas brûla Azot et les villes d’alentour, après les avoir pillées, et il livra au feu le temple de Dagon avec ceux qui s’y étaient réfugiés. 85Le nombre de ceux qui périrent par l’épée ou qui furent consumés par le feu fut d’environ huit mille. 86Et, partant de là, Jonathas vint camper près d’Ascalon, dont les habitants vinrent au-devant de lui, lui rendant de grands honneurs. 87Puis Jonathas retourna à Jérusalem avec ses gens, ayant un riche butin.

88Lorsque le roi Alexandre apprit ces événements, il accorda de nouveaux honneurs à Jonathas. 89Il lui envoya une agrafe d’or, comme il est d’usage d’en gratifier les parents des rois, et il lui donna en propriété Accaron et son territoire.

  1. 64. Virent qu’on lui rendait ces honneurs publics, m. à m., virent sa gloire comment on la publiait.
  2. 71. Les puissantes villes de la côte, du pays des Philistins ; litt. la force des villes ; Vulg., la force des batailles, πόλεμων, au lieu de πόλεων. C’est peut-être la vraie leçon.
  3. 75. Joppé, aujourd’hui Jaffa, à quatre lieues au nord de Jamnia, où se trouvait Apollonius.
  4. 83. La cavalerie ; Vulg. Et qui, probablement pour Et equi.