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7Elle était très belle de figure, et son mari lui avait laissé de grandes richesses, de nombreux serviteurs et des domaines remplis de troupeaux de bœufs et de brebis. 8Elle était en grande estime auprès de tous, parce qu’elle craignait beaucoup le Seigneur, et il n’y avait personne qui dit d’elle une parole de blâme.

9Ayant donc appris qu’Ozias avait promis de livrer la ville passé le cinquième jour, elle envoya vers les anciens du peuple Chabri et Charmi.[1] 10Ils se rendirent auprès d’elle, et elle leur dit :

“Comment Ozias a-t-il pu dire qu’il livrerait la ville aux Assyriens, si dans cinq jours, il ne vous arrive pas de secours ?[2] 11Et qui êtes-vous, pour mettre ainsi le Seigneur à l’épreuve ? 12Ce n’est pas là une parole qui attire la miséricorde, mais plutôt qui excite la colère et allume la fureur. 13Vous avez fixé au Seigneur un terme dans le quel il doit exercer sa miséricorde, et vous lui avez marqué un jour selon votre bon plaisir ! 14Mais parce que le Seigneur est patient, faisons pénitence de cette faute, et implorons son pardon en versant des larmes. 15Car Dieu ne menace point à la manière de l’homme, et il ne s’enflamme point de colère comme un fils d’homme. 16Humilions donc nos âmes devant lui, et mettons en nous un esprit d’humilité, comme il convient à ses serviteurs. 17Prions le Seigneur avec larmes de nous faire sentir, en la manière qu’il lui plaira, les effets de sa miséricorde, afin que, comme l’orgueil de nos ennemis a jeté le trouble dans notre cœur, ainsi notre humilité nous devienne un sujet de gloire. 18Car nous n’avons pas imité les péchés de nos pères qui ont abandonné leur Dieu et adoré des dieux étrangers. 19C’est à cause de ce crime qu’ils ont été livrés au glaive, au pillage et à la moquerie de leurs ennemis ; mais nous, nous ne connaissons pas d’autres Dieu que lui. 20Attendons humblement sa consolation, et il vengera notre sang sur nos ennemis qui nous affligent ; il humiliera toutes les nations qui s’élèvent contre nous, et il les couvrira de confusion, lui, le Seigneur notre Dieu.[3] 21Et maintenant, mes frères, puisque vous êtes les anciens du peuple de Dieu, et que leur vie dépend de vous, relevez leurs cœurs par vos paroles, pour qu’ils se souviennent que nos pères ont été éprouvés afin que l’on connût s’ils servaient véritablement leur Dieu. 22Ils doivent se rappeler comment Abraham, notre père, a été tenté, et comment, éprouvé par beaucoup de tribulations, il est devenu l’ami de Dieu. 23De même Isaac, de même Jacob, de même Moïse et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup d’afflictions en demeurant fidèles. 24Mais ceux qui n’ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du Seigneur, et qui ont donné cours à leur impatience et à d’injurieux murmures contre le Seigneur, 25ceux-là, l’exterminateur les a frappés de mort, et les serpents les ont fait périr. 26Ne nous laissons donc pas aller à l’impatience à cause des maux que nous souffrons. 27Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs, pour nous amender, et croyons que ce n’est pas pour notre perte qu’ils nous ont été envoyés.”

28Ozias et les anciens lui répondirent : “Tout ce que tu as dit est vrai, et il n’y a rien à reprendre dans tes paroles. 29Maintenant donc, prie Dieu pour nous, car tu es une femme sainte et craignant Dieu.”[4]

30Et Judith leur dit : “Comme vous reconnaissez que ce que j’ai pu dire est de Dieu, 31éprouvez si ce que j’ai résolu de faire est aussi de lui, et priez que Dieu me donne la force de réaliser

  1. 9. D’après les LXX, Ozias est aussi convoqué, et la Vulg. elle-même le suppose présent au vers. 28.
  2. 10. Le discours de Judith dans les LXX, tout en présentant le même sens général que celui de la Vulgate, a des différences de détail assez nombreuses. Ainsi il commence de cette façon:“Ecoutez-moi, vous qui êtes les chefs des habitants de Béthulie; car il n’est pas bien de parler comme vous l’avez fait aujourd’hui devant le peuple, en faisant le serment que vous avez prononcé entre Dieu et tous, en promettant de rendre (dans cinq jours) la ville à nos ennemis, si dans cet intervalle le Seigneur ne vient à notre secours.”
  3. 20. Après ce vers, on lit dans les LXX : “Si nous sommes pris, toute la Judée sera dévastée, notre sanctuaire sera dépouillé, et [Dieu] en vengera la profanation dans notre sang. Et le meurtre de nos frères, et la servitude du pays, et la désolation de notre héritage, il les fera retomber sur nos têtes parmi les païens chez lesquels nous serons en esclavage, et nous serons objet de sarcasme et de mépris pour ceux qui nous posséderont. Car notre servitude ne tournera pas à notre faveur, mais le Seigneur la fera tourner à notre déshonneur. Maintenant donc, donnons un exemple à nos frères, car leur vie dépend de nous, le sanctuaire, te temple et l’autel reposent sur nous.”
  4. 29. Les LXX font parler plus longuement Ozias : “Car ce n’est pas d’aujourd’hui que ta sagesse se manifeste, mais, dès tes premières années, le peuple a connu ton intelligence, et les bonnes dispositions de ton cœur. Mais le peuple souffrait beaucoup de la soif : et ils nous ont tone de faire ce que nous avons dit, et de nous engager par un serment que nous ne transgresserons point. Maintenant donc, prie pour nous, car tu es une femme pieuse, et le Seigneur enverra la pluie pour remplir nos citernes et nous ne périrons pas de soif.”