Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comment parler ? comment nous justifier ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Nous voici esclaves de mon seigneur, nous et celui chez qui s’est trouvée la coupe.” 17Et Joseph dit : “Dieu me garde de faire cela ! l’homme chez qui la coupe a été trouvée sera mon esclave ; et vous, remontez en paix vers votre père.”

18Alors Juda, s’approchant de Joseph, lui dit : “De grâce, mon seigneur, que ton serviteur puisse dire une parole aux oreilles de mon seigneur, et que ta colère ne s’enflamme pas contre ton serviteur ! car tu es l’égal de Pharaon. 19Mon seigneur a interrogé ses serviteurs, en disant : Avez-vous un père ou un frère. 20Et nous avons répondu à mon seigneur : Nous avons un vieux père et un jeune frère, enfant de sa vieillesse ; cet enfant avait un frère qui est mort, et il reste seul de la même mère, et son père l’aime. 21Tu as dit à tes serviteurs : Faites-le descendre vers moi, et que je pose mes yeux sur lui. 22Nous avons répondu à mon seigneur : L’enfant ne peut pas quitter son père ; s’il le quitte, son père mourra. 23Tu as dit à tes serviteurs : Si votre jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne reverrez plus ma face. 24Lorsque nous sommes remontés vers ton serviteur, mon père, nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur. 25Et quand notre père a dit : Retournez, achetez-nous un peu de vivres, 26nous avons répondu : Nous ne pouvons pas descendre ; mais, si notre plus jeune frère est avec nous, nous descendrons, car nous ne pouvons voir la face de cet homme à moins que notre jeune frère ne soit avec nous. 27Ton serviteur, notre père, nous a dit : Vous savez que ma femme m’a enfanté deux fils. 28L’un s’en est allé d’avec moi, et j’ai dit : Il faut qu’il ait été dévoré, car je ne l’ai pas revu jusqu’à présent. 29Si vous me prenez encore celui-ci et qu’il lui arrive malheur, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec douleur au séjour des morts. — 30Maintenant, quand je retournerai auprès de ton serviteur, mon père, sans avoir avec nous l’enfant, à l’âme duquel est attachée son âme, 31dès qu’il verra que l’enfant n’y est pas, il mourra, et tes serviteurs auront fait descendre avec douleur au séjour des morts les cheveux blancs de ton serviteur, notre père. 32Car ton serviteur a répondu de l’enfant en le prenant à mon père ; il a dit : Si je ne le ramène pas auprès de toi, je serai coupable envers mon père à tout jamais. 33Permets donc, je te prie, que moi, ton serviteur, je reste à la place de l’enfant comme esclave de mon seigneur, et que l’enfant remonte avec ses frères. 34Comment pourrais-je remonter vers mon père, si l’enfant n’est pas avec moi ? Non, que je ne voie point l’affliction qui accablerait mon père !”



4. Chap. xlv, 1-28. Joseph se fait reconnaître de ses frères.Joseph, ayant fait sortir ceux qui l’entouraient (xlv, 1, 2), se fait reconnaître de ses frères, dissipe leurs craintes (xlv, 3-8), les invite à aller chercher leur père (xlv, 9-13) et les embrasse (xlv, 14, 15). A son tour, Pharaon envoie les frères de Joseph chercher Jacob (xlv, 16-20). Départ de la caravane (xlv, 21-24). Joie de Jacob (xlv, 25-28).

Alors Joseph ne put se contenir devant tous ceux qui étaient présents ; il s’écria : “Faites sortir tout le monde.” Et il ne resta personne avec lui quand il se fit connaître à ses frères. 2Il éleva la voix en pleurant ; les Égyptiens l’entendirent, et la maison de Pharaon l’entendit.


3Joseph dit à ses frères : “Je suis Joseph ! Mon père vit-il encore ?” Mais ses frères ne purent lui répondre, tant ils étaient bouleversés devant lui. 4Et Joseph dit à ses frères : “Approchez-vous de moi” ; et ils s’approchèrent. Il dit : “Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Égypte. 5Maintenant ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés contre vous-mêmes de ce que vous m’avez vendu pour être conduit ici ; c’est pour vous sauver la vie que Dieu m’a envoyé devant vous. 6Car voilà deux ans que la famine est dans ce pays, et pendant cinq années encore il n’y aura ni labour ni moisson. 7Dieu m’a envoyé devant vous pour vous assurer un reste dans le pays et vous faire subsister pour une grande délivrance. 8Et maintenant, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu ; il m’a établi père de Pharaon, seigneur sur toute sa maison et gouverneur de tout le pays d’Égypte[1]. 9Hâtez-vous de monter vers mon père, et vous lui direz : Ainsi a parlé ton fils Joseph : Dieu m’a établi seigneur sur toute l’Égypte ; descends vers moi sans tarder. 10Tu habiteras dans

  1. Père de Pharaon, en hébr. ab le-Pareo, traduit communément père de ou pour Pharaon ; en égypt. ab en pirao, locution qui revient plusieurs fois dans les papyrus de la XIXe dynastie et qui désigne le premier officier de la maison pharaonique, comme l’expliquent les mots suivants. C’est donc à tort que les LXX et la Vulg. ont traduit ab par père (Brugsch). L’Hébreu aurait conservé ici le mot égyptien ab qui ne signifie pas père, mais préposé.